"F1 le film" : Brad Pitt, stratège et mentor flegmatique, sur des circuits magistralement filmés par Joseph Kosinski
Au volant et en piste avec Brad Pitt. Les premières minutes de F1 le film de Joseph Kosinski, en salles mercredi 25 juin, annoncent une expérience visuelle inouïe et une immersion assez inédite dans les arcanes du sport automobile. Tourné pour Imax, le long-métrage démarre sur le circuit américain de Daytona (qui ne relève en réalité pas de la F1). Sonny Hayes, incarné par Brad Pitt, entre dans la course dans une ambiance surchauffée et accentuée par la musique pêchue de Hans Zimmer (Blade Runner 2049, Top Gun: Maverick, Dune) et les rugissements des moteurs. Au volant avec Hayes, on avale les kilomètres et on embrasse les courbes de ce circuit avant de faire connaissance avec cette sorte de mercenaire de la course automobile.
Le pilote, dont la prometteuse carrière a été brutalement interrompue par un accident il y a trente ans, se voit offrir une ultime chance de se faire un nom au panthéon de la F1 par un ami de longue date. Ancien pilote, Ruben Cervantes, interprété par le comédien espagnol Javier Bardem, est désormais patron d'écurie. Mais l'APXGP est criblée de dettes et Cervantes risque de la perdre s'il ne gagne pas une course de F1. Pour se sortir de ce mauvais pas, il compte sur le génie de Hayes. L'expérience de ce dernier devrait compléter le potentiel prometteur de sa jeune recrue, Joshua Pearce, à qui l'acteur anglo-nigérian Damson Idris donne vie.
Sans compter les indispensables améliorations à apporter au bolide de l'écurie, domaine réservé de la seule directrice technique de la F1 dans la fiction, l'ingénieure Kate McKenna jouée par l'actrice irlandaise Kerry Condon. Cette dernière devient très vite l'interlocutrice de Hayes qui a quelques idées sur le sujet. Et ce en plus de gérer le conflit intergénérationnel qui l'oppose à Pierce. Le "rookie" (jeune pilote dont c'est la première saison de F1) l'a traité d'emblée de "vieux". Les relations tendues entre les deux coéquipiers compromettent quelque peu la synergie imaginée par Cervantes.
La réalisation de Kosinski est phénoménale : on est assis dans ces voitures de course engagées sur des pistes sinueuses. La chorégraphie et le ballet de ces bolides (munies de petites caméras légères de nouvelle génération pour le tournage), parfois à la queue leu leu sur la grille de départ, sont captivants, voire hypnotiques. Les néophytes, qui pourraient se prendre d'une passion soudaine pour la F1, découvriront un sport d'équipe où la stratégie et la technologie sont reines.
La mise en scène s'attache à souligner que le travail est permanent sur le design des monoplaces afin qu'ils soient toujours plus rapides. L'alternance des plans entre les deux espaces montre combien les communications sont capitales entre le pilote et son équipe qui décident, à la seconde près, des orientations de la course, des arrêts et des changements de pneus. Ces derniers sont effectués par des mécaniciens dont la rapidité et la dextérité, que l'on apprécie grâce aux zooms sur leurs gestes, ont un véritable impact sur la performance des pilotes. Au passage, le terme "Dirty Air" (l'air sale est dégagé quand deux voitures se suivent et il est défavorable à la suiveuse) ou l'importance de la chaleur des pneus n'auront plus de secret pour personne.
Un rendu époustouflant et didactique
L'intrigue de F1 le film est originale de bien des manières, notamment sur son volet "pédagogie". Les commentateurs sportifs, auxquels le long-métrage fait la part belle en les transformant en narrateurs, ont un rôle majeur en ce qui concerne le caractère didactique de l'œuvre. Ils la rendent accessible dans ses aspects les plus complexes, notamment toutes les règles de course que les pilotes peuvent exploiter pour rafler la mise. Au rayon stratégie, on ne peut s'empêcher de penser que Brad Pitt jouait déjà dans un film intitulé Le Stratège (2011) où il incarnait l'entraîneur iconoclaste d'une équipe de baseball. Aujourd'hui, toujours dans la peau de celui que l'on n'attend pas ou plus, Pitt le Magnigfique, alias Hayes, affiche ses pattes d'oie, son flegme, ses blessures, ses faiblesses et son amour inconditionnel pour le pilotage. Avec le jeune Damson Idris, l'acteur américain forme un excellent duo dramatique, tout comme avec Bardem ou encore Condon dans les différentes situations auxquelles sont confrontés leurs personnages.
Au total, on file certes la métaphore du vieux sage expérimenté versus un jeunot arrogant, mais les situations que l'on imagine restent subtiles et inattendues. Les fans de la première heure plongeront aussi allègrement dans les coulisses de ce sport, une affaire de gros sous qui peut à la fois être aussi légère qu'une voiture filant sur le circuit à près de 300 km/h (voire plus) et grave quand un pilote finit dans le décor.
Au plus près de la réalité de la F1
Avec F1 le film, c'est le tour du monde du sport automobile que l'on fait par écran interposé. La saison de l'écurie APXGP transporte l'audience sur les plus importants circuits du monde entier : du Grand Prix d'Espagne à Yas Marina (Abou Dhabi), en passant par Silverstone (Royaume-Uni), Budapest (Hongrie), Monza (Italie), Zandvoort (Pays-Bas), Suzuka (Japon), Spa-Francorchamps (Belgique) ou encore Las Vegas (États-Unis).
Les amateurs de F1 ont assisté au tournage du film puisque les voitures de la fiction ont pris le départ après les courses officielles du Grand Prix. Sur la piste du film, Hayes et Pierce affrontent les grands rivaux de la F1, Max Verstappen et Lewis Hamilton, qui a coproduit le long-métrage avec Brad Pitt (sa boîte de production Plan B qui promeut souvent diversité et genre dans ses projets) et Jerry Bruckheimer (le coproducteur de Top Gun). Excellente distribution, protagonistes aux histoires personnelles attachantes, plans à couper le souffle des voitures de course en action, émotion et adrénaline sont les parfaits ingrédients pour faire de F1 le film, opération de com' réussie pour le sport automobile, le blockbuster de l'été.
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La fiche
Genre : Action
Cinéaste : Joseph Kosinski
Avec : Brad Pitt, Damson Idris, Kerry Condon et Javier Bardem
Pays : États-Unis
Durée : 1h23
Sortie : 25 juin 2025
Distributeur : Warner Bros France
Synopsis : Sonny Hayes était le prodige de la F1 des années 1990 jusqu'à son terrible accident. Trente ans plus tard, devenu un pilote indépendant, il est contacté par Ruben Cervantes, patron d'une écurie en faillite qui le convainc de revenir pour sauver l'équipe et prouver qu'il est toujours le meilleur. Aux côtés de Joshua Pearce, diamant brut prêt à devenir le numéro 1, Sonny réalise vite qu'en F1, son coéquipier est aussi son plus grand rival, que le danger est partout et qu'il risque de tout perdre.