Nucléaire iranien : la diplomatie ou la guerre ?
Par Francis Wurtz, député honoraire du Parlement européen
Samedi prochain, 26 avril, auront lieu des pourparlers cruciaux entre les États-Unis et l’Iran, sous la médiation du sultanat d’Oman, pour tenter de trouver un accord mutuellement acceptable sur le programme nucléaire de Téhéran. Il s’agira, en l’espace de trois semaines, de la troisième rencontre entre les deux pays, qui n’ont plus de relations diplomatiques depuis quarante-six ans. En ce sens, ces négociations méritent attention. En outre, le fait que Washington ait évoqué jusqu’ici des discussions « très positives » et Téhéran une « atmosphère constructive et de respect mutuel » nourrit l’espoir que l’on puisse enfin revenir à la seule voie responsable susceptible de parvenir à éviter que l’Iran n’acquière des armes nucléaires.
Rappelons, en effet, qu’il y a dix ans, un accord historique avait pu être conclu avec Téhéran après des années d’efforts d’une large coalition d’États comprenant – excusez du peu – les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU (États-Unis, Chine, Russie, Grande-Bretagne et France), auxquels s’étaient jointes l’Allemagne ainsi que l’Union européenne comme telle ! Cet emblématique « accord de Vienne » de 2015 permettait le contrôle du programme nucléaire iranien par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et prévoyait, en retour, la levée progressive des sanctions économiques internationales qui frappaient durement l’Iran. Le monde entier salua cette performance diplomatique… jusqu’à l’élection d’un certain Donald Trump, en 2016. Celui-ci torpilla cet accord en en retirant la signature de son pays et rétablit unilatéralement de très lourdes sanctions contre Téhéran. Le résultat de cette violation imbécile du droit international fut, comme attendu, la reprise par l’Iran de l’enrichissement d’uranium au-delà des limites autorisées. Au point que, selon le directeur général de l’AIEA, le pays n’est, aujourd’hui, « pas loin » de disposer de la bombe atomique.
Dès lors, que faire ? Pour Netanyahou, enhardi par le sérieux affaiblissement de l’Iran, privé de ses principaux alliés – notamment le Hezbollah, très diminué –, l’heure est plus que jamais au bombardement des sites iraniens concernés, fussent-ils profondément enterrés et protégés, et donc atteignables que par des bombes très lourdes, quitte à provoquer l’embrasement général du Moyen-Orient. Devant la difficulté de l’aventure et les risques de représailles, le criminel de guerre en chef israélien fit, au début du mois d’avril, le voyage de Washington pour s’assurer du concours de la Maison-Blanche. En vain, à ce stade, les conseillers de Trump étant conscients du prix à payer en cas d’implication directe de l’armée américaine dans ce bourbier. En outre, l’Arabie saoudite – dont Trump entend se faire le second grand allié de la région (à côté d’Israël) – a renoué avec l’Iran (sous l’égide de la Chine) en 2023 et voit d’un très mauvais œil pour son propre développement le spectre d’une nouvelle guerre dévastatrice. D’où, jusqu’ici, le choix d’une nouvelle tentative de solution diplomatique du problème du nucléaire iranien.
Aussi assiste-t-on, ces derniers jours, à un « ballet diplomatique tous azimuts » (« l’Orient-le Jour »), impliquant – séparément – les États-Unis, la Russie, l’Arabie saoudite, la France, l’Italie et, naturellement, l’Iran, au plus haut niveau. Du côté de l’Iran, un accord est visiblement souhaité, à la condition que l’enrichissement d’uranium dans les limites correspondant à une industrie nucléaire civile ne soit pas prohibé – ce que l’émissaire de Trump avait accepté… avant de se raviser. Manifestement, les pressions de Netanyahou sur la Maison-Blanche ne sont pas sans effet. Espérons que la sagesse prévaudra. L’alternative est dramatiquement simple : la diplomatie ou la guerre.
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