Droits de douane américains : "Il faut refonder le commerce international sur le respect du droit du travail, du droit environnemental et des normes fiscales", affirme Sophie Binet

"Il faut refonder le commerce international sur le respect du droit du travail, du droit environnemental et des normes fiscales", affirme mardi 8 avril sur franceinfo la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, alors que les inquiétudes grandissent en France au sujet de la hausse des droits de douane imposée par les États-Unis. Elle annonce que "la CGT va rendre publique dans les prochaines heures dix propositions d'urgence pour faire face à cette guerre commerciale", avant un rassemblement samedi à 17 heures, place de la République à Paris, "pour défendre nos libertés, notre État de droit et notre démocratie".

La CGT sera présente à la discussion à Bercy avec le ministre de l'Industrie et les industriels mardi après-midi pour élaborer une position commune, "car cette guerre commerciale que Donald Trump est en train de lancer le risque d'avoir de graves conséquences pour les travailleurs et les travailleuses, s'il n'y a pas de riposte à la hauteur, de mesures à la hauteur aux niveaux français et européen", explique la responsable syndicale.

Une cellule de crise ?

Sophie Binet souhaite que "le Premier ministre réunisse au plus vite les secrétaires généraux des organisations syndicales et des organisations patronales pour évaluer la situation et mettre en place une cellule de crise qui rassemble les syndicats, le patronat, la Banque publique d'investissement, la Caisse des dépôts et consignations". Et ce dans le but d'avoir "une action résolue et coordonnée pour protéger notre économie".

Cette réunion au ministère de l'Industrie ne satisfait pas Sophie Binet car "ce n'est pas seulement l'industrie qui est impactée, c'est l'ensemble de l'économie". Elle plaide pour une cellule de crise "mise en place sous l'égide du Premier ministre ou du ministre de l'Économie".

"Privilégier le made in Europe"

Selon elle, il ne faut pas répondre "au coup par coup", "avec une stratégie du choc et un opportunisme patronal que nous voyons d'ores et déjà, avec une partie du patronat qui en profite pour réclamer une déréglementation et une remise en cause des droits des travailleurs, une remise en cause de la protection sociale et toujours plus de chèques". Elle estime que s'il est "peut-être nécessaire de mettre en place des aides sur un certain nombre de secteurs", "elles doivent être strictement conditionnées avec des objectifs très concrets".

Sophie Binet aimerait "que les entreprises donneuses d'ordre aient une forme de patriotisme économique pour privilégier le made in France et le made in Europe", en commençant par la commande publique et la politique d'achat des entreprises. "C'est un levier très important pour préserver notre économie mais il faut des moyens contraignants" selon elle.

"Nous demandons au gouvernement de mettre un place un moratoire sur les licenciements pour protéger notre outil industriel", affirme Sophie Binet qui souhaite "empêcher les licenciements en urgence". La secrétaire générale de la CGT évoque une menace qui "est d'abord démocratique", avec une extrême droite qui "prospère sur le déclassement du travail, de nos services publics et de nos industries, sur le déclassement de nos pays".