Face aux droits de douane de Trump, la riposte de l'UE se précise
Une première série de mesures de rétorsion aux droits de douane mis en œuvre par Washington sera votée par les 27 pays de l'Union européenne, mercredi 9 avril dans l’après-midi.
Celle-ci ne sera bloquée que si une majorité qualifiée de 15 membres du bloc représentant 65 % de la population se prononce contre.
Un tel blocage est peu probable, étant donné que la Commission a déjà sondé les membres de l'UE et affiné une liste initiale à la mi-mars, retirant de celle-ci les produits laitiers et des alcools américains.
Si elle espère pouvoir négocier avec Washington, l'Union européenne a promis une réponse "ferme et proportionnée" aux différents droits de douane imposés par Donald Trump. Ces mesures de l'UE doivent entrer en vigueur par étapes : le 15 avril, le 16 mai et le 1er décembre.
Voici ce que l'on sait sur le projet de riposte de Bruxelles.
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Quelles mesures touchent l'UE ?
Au cours des derniers mois, l'UE a été frappée à trois reprises par des droits de douane de l'administration du président américain :
- 25 % sur l'acier et l'aluminium mi-mars
- 25 % sur les automobiles début avril
- 20 % sur tous les autres produits européens le 9 avril
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Quelle riposte de l'UE ?
La Commission européenne, qui coordonne la politique commerciale de l'UE, a proposé, lundi 7 avril, des droits de douane supplémentaires sur une série d'importations américaines - de 25 % pour la plupart - afin de riposter aux prélèvements sur les métaux. Elle étudie encore sa réponse aux droits de douane sur l'automobile et aux prélèvements "réciproques".
L'UE propose de répliquer d'abord aux taxes sur l'acier par des droits de douane de 25 % sur des produits américains : les motos, le maquillage, la volaille, le soja...
Un vote est organisé mercredi après-midi pour que les 27 approuvent cette liste. En cas de feu vert, la plus grande partie de ces taxes entrerait en vigueur mi-mai. D'autres, notamment sur les amandes, n'entreraient en vigueur qu'en décembre.
La riposte européenne sur l'automobile et les 20 % sur tous les autres produits pourrait, elle, être présentée en début de semaine prochaine. Mais le ton diffère parmi les Vingt-Sept sur le niveau de fermeté de la réponse. Parmi les questions en débat : cibler ou non la tech américaine.
Pour frapper fort, la France et l'Allemagne évoquent l'idée d'employer un outil jamais utilisé auparavant. Surnommé "instrument anti-coercition", il a été pensé comme un outil de dissuasion, à activer après épuisement des voies diplomatiques. Il permettrait notamment le gel de l'accès aux marchés publics européens ou le blocage de certains investissements.
Mais là encore, les pays membres sont divisés, certains craignant que cela ne provoque une escalade avec Washington.
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Quelles négociations sont possibles ?
Bruxelles souhaite avant toute chose négocier avec Washington.
Le commissaire européen au Commerce Maros Sefcovic a été dépêché par l'UE pour échanger avec ses homologues américains. Il s'est rendu deux fois à Washington et a eu un échange "franc" de deux heures, vendredi, avec Howard Lutnick et Jamieson Greer, deux responsables de l'administration Trump.
L'UE a d'ores et déjà proposé aux États-Unis que les voitures et d'autres biens industriels ne soient pas taxés de part et d'autre de l'Atlantique.
"Pas suffisant" pour Donald Trump, qui exige aussi que l'Europe s'engage à acheter davantage de gaz naturel liquéfié américain.
À Bruxelles, certains craignent toutefois de ne pas frapper à la bonne porte dans ces négociations.
Selon plusieurs observateurs, le conseiller de Trump au Commerce, Peter Navarro, serait bien plus à la manœuvre sur le dossier que les deux responsables avec qui Maros Sefcovic échange. Or, l'UE n'a fait publiquement état d'aucun échange avec ce dernier.
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Quoi d'autre sur la table ?
Ce conseiller de Donald Trump se veut très critique des barrières dites "non tarifaires" en vigueur dans l'Union européenne : les réglementations sanitaires, les normes environnementales, des politiques de taux de change ou des mesures fiscales, telle que la TVA.
"Si vous voulez négocier, parlez-nous de comment vous allez faire baisser vos barrières non tarifaires", a déclaré Peter Navarro dans une interview lundi. "L'Europe a une TVA de 19 %, nous ne pouvons pas rivaliser face à cela", a-t-il dénoncé.
Interrogée à ce sujet, la Commission européenne a indiqué, mardi 8 avril, "ne pas partager l'analyse des États-Unis sur ce qui constitue une barrière non tarifaire", sans donner beaucoup plus de détails.
Les tractations continuent.
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Avec AFP