La France peut-elle porter la voix des Européens dans les négociations sur la guerre en Ukraine ?
En visite à Washington ce lundi 24 février 2025 pour rencontrer son homologue Donald Trump, Emmanuel Macron a annoncé qu'un accord pourrait être signé "dans les prochaines semaines". Un espoir pour les Ukrainiens, inquiets de la volte-face américaine depuis le retour du président Trump, et une chance pour l'Europe de se repositionner autour de la table des négociations.
En France, de nombreuses voix se sont élevées pour déplorer le déclassement européen, et plus particulièrement français. Au-delà des discours d'Emmanuel Macron, se pose aujourd'hui la question de savoir si la France a les moyens de ses ambitions internationales sur le dossier ukrainien.
Une aide française encore trop mince ?
Dixième pays contributeur à l'aide envoyée aux Ukrainiens, bien loin derrière les États-Unis ou l'Allemagne, par exemple, la France aurait envoyé près de 5 milliards d'euros d'aide, dont 3,5 milliards sous forme d'aide militaire variée, avec notamment la livraison de matériel, dont les fameux canons Caesar, des missiles SCALP, ou encore des blindés de type AMX-10, selon les données de l'institut Kiel.
Si l'on compte en pourcentage du PIB, la France, qui alloue 0,02 % de son PIB au soutien à l'Ukraine, descend cette fois-ci à la 24e place, bien loin derrière l'Estonie ou le Danemark, par exemple, dont l'aide totalise environ 2,2 % de leurs PIB respectifs. Mais à l'heure où les Américains menacent de réduire leur soutien à l'Ukraine, et où l'USAID, leur agence de développement, a limogé la quasi-totalité de son personnel, les Ukrainiens pourraient bien attendre davantage de la part de la France. À l'instar, du Royaume-Uni qui a annoncé 5,4 milliards d'aides supplémentaires pour le pays, soit l'équivalent de la moitié de ce qu'ils ont déjà livré en 3 années de guerre.
La France, une force diplomatique
Mais c'est surtout au niveau diplomatique que la France montre son intérêt pour l'Ukraine. Depuis le début du conflit, Kiev peut compter sur le soutien indéfectible de Paris, alors qu'Emmanuel Macron a soutenu, par exemple, très tôt, la possibilité pour l'Ukraine d'utiliser les missiles de longue portée sur le territoire russe, ou plus récemment l'envoi de troupes européennes sur le sol ukrainien.
"Nous considérons la France comme l'un de nos plus proches alliés. Heureusement, le président français et le peuple français comprennent très bien ce qui se passe, à savoir que l'Ukraine se défend non seulement elle-même, mais aussi l'Europe", a par ailleurs affirmé Oleksandr Merejko, député de la majorité présidentielle et président de la commission des affaires étrangères ukrainienne. Le député compte par ailleurs sur le soutien français pour l'adhésion de l'Ukraine à l'Union européenne.
Problème, ni la Russie, ni les États-Unis ne se sont pour l'heure montrés intéressés à l'idée que la France ou que l'Europe prennent part aux négociations. Et ce, malgré tous les efforts d'Emmanuel Macron.