La résidence de Benjamin Netanyahu visée par un drone, le Hezbollah frappe le nord d'Israël

L'incident n'a fait aucune victime. Israël a annoncé samedi 19 octobre qu'un tir de drone depuis le Liban avait visé la résidence du Premier ministre Benjamin Netanyahu, en pleine offensive israélienne contre le Hezbollah libanais, qui a revendiqué des tirs de roquettes sur plusieurs régions du nord du pays.

Dans le nord de la bande de Gaza, un bombardement israélien a fait 33 morts à Jabalia, selon la Défense civile, où l'armée poursuit son offensive visant à écraser le Hamas, décimé après un an de guerre et la mort de son chef, Yahya Sinouar, tué par des soldats israéliens.

La guerre qui fait rage dans le territoire palestinien depuis le 7 octobre 2023 a gagné le Liban, où Israël a lancé le 30 septembre une offensive terrestre dans le sud du pays, appuyée par des bombardements aériens, contre le Hezbollah, puissant allié du Hamas lui aussi soutenu par l'Iran.

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Samedi, un drone a été lancé vers la résidence privée de Benjamin Netanyahu à Césarée, une ville côtière du centre d'Israël, a annoncé le bureau du Premier ministre. Benjamin Netanyahu était absent et l'incident n'a fait aucune victime.

 

Une centaine de projectiles tirés depuis le Liban

Les sirènes d'alerte ont retenti dans plusieurs villes du nord d'Israël. L'armée a dénombré au moins 115 projectiles tirés depuis le Liban. Un homme a été tué par les débris d'une roquette près d'Acre, dans le nord d'Israël, et cinq personnes ont été blessées à Kyriat Ata, à une quinzaine de kilomètres de Haïfa, selon les secours.

Le Hezbollah a annoncé avoir tiré des roquettes sur la région de Haïfa, le grand port du nord d'Israël, ainsi que sur la ville de Safed, et avoir visé une base militaire, disant riposter aux "agressions" israéliennes sur le Liban.

Au Liban, une frappe aérienne, qui a fait deux morts, a touché pour la première fois depuis le début de la guerre l'autoroute reliant Beyrouth au nord du pays, selon les autorités. La frappe qui a visé une voiture s'est produite dans le secteur de Jounieh, une zone chrétienne épargnée jusque-là.

Israël dit vouloir neutraliser le Hezbollah dans le sud du Liban et permettre le retour dans le nord de son territoire de quelque 60 000 habitants, déplacés depuis un an par les tirs de roquettes incessants du mouvement islamiste.

Au moins 1 418 personnes ont été tuées au Liban depuis le début des bombardements israéliens massifs contre le Hezbollah le 23 septembre, d'après un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles. L'ONU a recensé environ 700 000 déplacés.

La guerre se poursuit en dépit de la présence dans le sud du Liban de la Finul, la force de maintien de la paix de l'ONU, dans l'incapacité de s'interposer entre le Hezbollah et les forces israéliennes. 

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Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a suggéré samedi de donner à la Finul "un mandat plus robuste", soulignant que cela exigerait une décision du Conseil de sécurité.

"Une nouvelle perspective" en vue d'un cessez-le-feu. 

Dans la bande de Gaza, l'armée israélienne mène depuis le 6 octobre une offensive dans la région de Jabalia, dans le nord, où selon elle le Hamas cherche à reconstituer ses forces.

Le mouvement islamiste palestinien a déclaré vendredi que les otages retenus à Gaza ne seraient pas libérés avant "l'arrêt" de l'offensive israélienne, déclenchée en riposte à l'attaque menée contre Israël le 7 octobre 2023.

Le Hamas a assuré que le décès mercredi de Yahya Sinouar, considéré comme l'architecte de cette attaque, "renforcerait" le mouvement.

D'après le New York Times, qui a interrogé le médecin légiste chargé de l'autopsie en Israël, le chef du Hamas a d'abord été grièvement blessé au bras lors d'un échange de tirs, puis tué d'une balle dans la tête.

Plusieurs frappes aériennes ont touché la bande de Gaza samedi, notamment le camp de réfugiés de Jabalia déjà visé par le bombardement meurtrier de la nuit. Des témoins ont signalé des tirs nourris et des bombardements à l'artillerie sur ce camp ainsi que des frappes sur celui de Bureij, dans le centre du territoire. Selon des médecins, les forces israéliennes ont bombardé l'Hôpital indonésien de Beit Lahia, dans le nord. 

Après le président américain Joe Biden, Josep Borrell a estimé samedi que la mort du chef du Hamas ouvrait "une nouvelle perspective" en vue d'un cessez-le-feu. Mais des analystes soulignent que la disparition de Yahya Sinouar désorganise encore davantage le mouvement, à présent éparpillé en petites cellules, compliquant d'autant de futures négociations.

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"Les efforts de négociations étaient précédemment tous basés sur l'idée que Sinouar disposait d'un lien avec la plupart de ceux qui détenaient des otages, et qu'il pouvait façonner leurs actions", a résumé Jon Alterman, du think-tank américain CSIS. "La photo est bien plus floue maintenant et nous devrions assister à des dénouements variés", a ajouté cet expert.

"Profonde inquiétude" des familles des otages

Les familles des otages, tout en saluant la mort de Yahya Sinouar, ont d'ailleurs exprimé leur "profonde inquiétude" sur le sort de leurs proches. Sur les 251 personnes enlevées le jour de l'attaque du Hamas, 97 sont toujours otages à Gaza dont 34 ont été déclarées mortes par l'armée.

Cette attaque a entraîné la mort de 1 206 personnes en Israël, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les chiffres officiels, incluant les otages morts en captivité.

Au moins 42 519 Palestiniens, majoritairement des civils, ont été tués jusqu'à présent dans l'offensive israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

Le petit territoire, assiégé par Israël, est un véritable "enfer sur terre" pour le million d'enfants qui y vit, a affirmé l'Unicef vendredi. Dans ce contexte explosif, Israël a promis de riposter à l'attaque de missiles lancée par l'Iran contre son territoire le 1er octobre.

Le Hamas est "vivant et le restera" en dépit de la mort de Yahya Sinouar, a affirmé samedi le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei.

Avec AFP