Et si le plus vieil alphabet du monde était apparu 500 ans plus tôt qu’on ne le pensait ? Dans une déclaration faite le 21 novembre à Boston, lors du Congrès annuel de l’association ASOR, l’archéologue américain Glenn Schwartz, professeur à l’université John-Hopkins dans le Maryland, a confirmé qu’il « avait bien découvert » les vestiges du plus vieil alphabet du monde.
Quatre mystérieux cylindres faits de terre cuite et retrouvés en 2004 l’ont amené à cette folle conclusion. Des artefacts perdus dans une tombe de la cité antique de Tell Umm-el Marra, dans le nord-ouest de l’actuelle Syrie, aux côtés de six dépouilles, de bijoux d’argent, de fer de lance, d’ustensiles de cuisine et de poteries. Depuis 20 ans, les motifs géométriques les arborant n’ont cessé d’alimenter les spéculations au sein de la communauté scientifique. Car, beaucoup se questionnent au sujet de la véracité de cette découverte.
Une étude longue de 16 ans
Selon le chercheur, ces objets ont été datés, grâce au carbone 14, autour de 2400 ans av. J.-C. Les cylindres, de la taille d’un annulaire, « sont perforés de chaque côté comme pour les accrocher, remarque-t-il. C’étaient probablement des étiquettes détaillant le contenu d’un récipient. » Et bientôt, les conclusions d’une étude menée depuis 16 ans avec des chercheurs de l’université d’Amsterdam seront dévoilées. La communauté scientifique les attend avec impatience, car elles pourraient changer définitivement notre connaissance de l’histoire de l’écriture.
« Cette découverte montre que les populations ont pensé à de nouvelles méthodes de communication beaucoup plus tôt qu’on ne l’avait imaginé et dans un tout autre endroit »
Glenn Schwartz
Glenn Schwartz a rappelé que les études précédentes situaient l’invention de l’alphabet « en Egypte ou à proximité aux alentours de - 1900 ». Il fait référence à la découverte de graffitis par Deborah et John Darnell dans la région de Wadi el-Hol en 1993. Selon ses travaux, l’invention serait plus précoce de 500 ans et plutôt située en bordure du monde mésopotamien. « Cette découverte montre que les populations ont pensé à de nouvelles méthodes de communication beaucoup plus tôt qu’on ne l’avait imaginé et dans un tout autre endroit », soutient le chercheur américain.
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« Poursuivre les fouilles »
Contrairement à l’invention de la graphie qui remonte à la fin du quatrième millénaire av. J.-C., l’apparition de l’alphabet conserve encore beaucoup de mystères. Les premières traces de simplification du système de note idéographique et syllabaire en un nombre réduit de symboles n’ont toujours pas été identifiées. On estime à une centaine de signes les premiers systèmes alphabétiques, dont pourraient faire partie ceux présents sur les cylindres. Aujourd’hui, l’alphabet moderne est un système d’autant plus simplifié qu’en latin, on ne compte que 26 lettres, 22 en hébreu et 29 en arabe. Il ne reste donc qu’à connaître les prochaines révélations de Glenn Schwartz, qui, même s’il est convaincu par sa théorie, ne compte pas stopper ses recherches : « Il nous faut désormais poursuivre les fouilles pour en apprendre plus sur cette langue ».