Top 14 : 5 choses à savoir sur Christian Ambadiang, l’ailier camerounais qui a enflammé Castres

Décisif pour ses débuts au CO

Des premiers pas en Top 14 qui ont fait grand bruit. Arrivé de Nevers (Pro D2) à l’intersaison, Christian Ambadiang s’est vite fait un nom dans l’élite du rugby français, dès le premier match de la saison de Castres qui recevait le Racing 92. L’ailier camerounais a d’abord fait parler sa pointe de vitesse supersonique en rattrapant, au terme d’une course folle à travers le terrain (flashée à 37 km/h !), l’arrière francilien Max Spring qui filait à l’essai après avoir intercepté un ballon dans ses propres 22 mètres.  

«Au final, le tournant, c'est quand même ce retour de l'ailier castrais Christian Ambadiang», a reconnu à l'issue du match Stuart Lancaster, le manager anglais des Ciel et Blanc. Mais le meilleur était à venir, puisque la nouvelle recrue tarnaise, appelée à remplacer Filipo Nakosi parti à Vannes, a inscrit en coin, et en toute fin de match l’essai de la victoire du CO. «Ce sont des débuts rêvés pour lui», a salué son coéquipier Adrien Seguret.

Des larmes après le décès de sa grand-mère

Au coup de sifflet final après la victoire qu’il a arrachée contre les Racingmen, le nouvel ailier du CO a fondu en larmes et levé les doigts vers le ciel. Il a ensuite confié qu’il a voulu dédier cette belle victoire à sa grand-mère récemment décédée. «C'est tout le groupe qui m'a aidé et qui a gagné, mais personnellement, je dédie cette victoire à ma grand-mère décédée.» 

Interrogé par nos confrères de Midi Olympique, Christian Ambadiang est revenu sur ce moment de grande émotion. «Si j'étais aussi ému, c'est parce que ma grand-mère Dorothée, que je considérais comme ma deuxième maman, venait de perdre la vie quelque temps plus tôt, a-t-il raconté. Le jour où j'ai quitté le Cameroun, en juin dernier, elle semblait d'ailleurs savoir que son heure arriverait bientôt et m'avait dit peu avant que je ne décolle : "Ne t'inquiète pas, bébé Dylan. Quoi qu'il se passe, je ne serai jamais loin de toi." Contre le Racing, j'ai senti sa présence. Au-dessus de moi, il y avait un ange.»

Victime d’insultes racistes

En 2021, lors d’un match entre Nevers et Provence Rugby, Christian Ambadiang avait été victime d’insultes racistes de la part du demi de mêlée Ludovic Radosavljevic, qui lui avait lancé, dans un moment de tension : «Je vais te brûler, mangeur de bananes», avant de venir s'excuser plus tard. Mais le mal était fait. Dans un long post publié sur Instagram, le joueur camerounais avait déclaré qu’«il est insensé de penser que, dans le monde du rugby, de tels incidents racistes puissent être envoyés sous le tapis et tolérés. (...) Je sais que des gens ont été victimes de racisme flagrant, et qu'ils ont peur de se défendre publiquement uniquement pour protéger la réputation de ces personnes en privé.»

Et d’ajouter : «Le pire, c'est que les personnes (les arbitres) qui sont censées être à l'affût de tels comportements ont tendance à fermer les yeux.» Pour ce dérapage raciste, Radosavljevic avait écopé d’une suspension de près de six mois et avait été licencié par Provence Rugby. Il avait ensuite tenté une aventure à XIII avec l’équipe d’Avignon, puis s’était engagé avec le club d'Avignon Le Pontet en Fédérale 3.

La botte secrète de Nevers

Pendant quatre saisons, Christian Ambadiang a fait les beaux jours de Nevers en Pro D2. En 54 matches (53 titularisations), il a inscrit pas moins de 29 essais, soit un joli ratio d’un essai tous les deux matches. En 2022, l’ambitieux club nivernais - qui a disputé trois fois les phases finales en six saisons - s’était hissé en demi-finale de la Pro D2, sortant Carcassonne en barrage (24-12) avant de chuter en demi-finale sur la pelouse du Stade Montois (26-15). Le Camerounais a réalisé sa meilleure saison en Pro D2 en 2022-2023 en inscrivant 14 essais en 18 titularisations, avec quatre doublés et un retentissant quadruplé réalisé contre Montauban. 

Cette saison-là, le facteur X de Nevers termine deuxième meilleur marqueur de la Pro D2 derrière Nathanaël Hulleu (Vannes, 17), à égalité avec Karim Qadiri (Grenoble). «Tous ces essais, c'est le résultat du collectif, il n'y a pas de mystère, avait-il expliqué au Journal du Centre. J'ai l'esprit d'équipe, c'est comme ça qu'on progresse aussi. Je parle beaucoup avec les coaches, le plus souvent possible. Je fais ça aussi avec mes coéquipiers qui me poussent, m'encouragent de toutes leurs forces. Quand je marque un essai, je pense en premier lieu au collectif avant de penser à mon plaisir personnel.»

Une formation en Afrique du Sud 

Le gamin de Yaoundé au Cameroun rejoint, à l’âge de 9 ans, l’Afrique du Sud et intègre en 2012 le lycée Hendrik Verwoerd de Pretoria. Il brille rapidement grâce à ses qualités athlétiques participe à la South African Youth Rhino Rugby League en 2015 et évolue dans les équipes de jeunes des Blue Bulls. Il rejoint ensuite l’académie des Southern Kings, basés à Port Elizabeth, puis celle de la Western Province au Cap. «Je me suis alors fixé différents objectifs, confie-t-il à Midi Olympique. Celui de jouer avec l'équipe de l'école, puis celui d'intégrer une province sud-africaine, de développer mon rugby en France avant de me faire, enfin, une place en Top 14. Pour valider chacune de ces étapes, j'ai fait beaucoup de sacrifices...»

Christian Ambadiang sous les couleurs des Southern Kings. Facebook Christian Ambadiang

Christian Ambadiang intègre ensuite l'équipe d'entraînement élargie des Stormers pour la saison 2018 en Super Rugby, étant élu jeune le plus prometteur de la province du Cap en 2019. Alors que toutes les équipes sont à l’arrêt en raison de la crise sanitaire du Covid-19, le solide ailier (1,90 m pour désormais 105 kg) est repéré par Nevers et rejoint l’Europe en 2021. Il dispute son premier match sous les couleurs nivernaises le 22 avril 2021, à l’occasion d’une défaite à Aimé-Giral contre Perpignan (37-16).