Mort de Bernard Lacombe: «Je l’ai vu il y a deux semaines...», l’émotion d’Alain Giresse

Alain Giresse (au premier plan) et Bernard Lacombe lors de l’Euro 1984 remporté par les Bleus. Agence Ferguson / Icon Sport

ENTRETIEN - Titré en 1984 lors du championnat d’Europe avec Bernard Lacombe en équipe de France, Alain Giresse ne cache pas son émotion au moment de rendre hommage à son ancien partenaire, décédé mardi.

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LE FIGARO: Que ressentez-vous après la mort de Bernard Lacombe  ?
ALAIN GIRESSE: Plus que la tristesse je dirais, c’est une partie de moi. Bernard, c’est au-delà du coéquipier, de l’ami, au niveau sportif et familial, il y avait tout, même quand il a quitté Lyon, on est toujours resté en relation. Nous avions une affinité dans tout ce que l’on pouvait penser et imaginer. Je l’ai vu il y a deux semaines, on le savait malade depuis plusieurs mois... (très ému, il coupe puis reprend) On m’avait dit attention, qu’il est dans un état très compliqué, et ce n’était pas facile. J’ai vu ses yeux s’éclairer un peu... Mais ce n’est pas cela qui allait changer les choses et lui rendre la vie moins douloureuse.

Quand vous évoquez la mémoire de Bernard Lacombe, que vous revient-il en premier à l’esprit ?
C’était avant tout un ami. Si je parle du joueur, j’avais une relation spéciale avec lui, des affinités de jeu. Tout était simple avec un attaquant comme Bernard, il comprenait le football et on parlait le même langage. C’était un vrai passionné, un amoureux du foot, toujours dans le partage.

Même après sa carrière de joueur, il a toujours gardé cet œil avisé de technicien...
Si c’est une légende à l’OL, ce n’est pas pour rien. Il a découvert les Juninho, les Cris, les Diarra et compagnie. Des garçons qui étaient des inconnus et ont fait les plus belles heures du club. Bernard avait le flair pour faire venir ces joueurs-là.

Si les jeunes vous demandent de décrire le joueur qu’il était. Que diriez-vous ?
C’était un attaquant qui pensait aux autres. Aujourd’hui, on en voit peu. Tout sauf un égoïste. Malgré tout, il plantait but sur but. Un grand joueur technique, lucide, altruiste, précis. C’est difficile de le comparer avec un joueur d’aujourd’hui. Bernard était un attaquant de jeu, qui faisait jouer les autres. Si Michel (Platini), moi ou d’autres ont brillé en équipe de France et en club à ses côtés, c’est parce que «Nanard» était là. Jouer avec lui était un régal.

Quid de l’homme, qui a marqué les esprits aussi, une fois sa carrière terminée, en tant que dirigeant de l’OL ?
Un homme, vivant, agréable, amuseur. Je perds un copain, un compagnon, un grand homme. On est tous très triste ce soir (mardi).