Après la reprise des frappes à Gaza, Israël lance des "opérations terrestres ciblées"

Une escalade qui fait craindre une reprise de la guerre. Israël a annoncé mercredi 19 mars une intensification de ses opérations dans la bande de Gaza, parlant d'un "dernier avertissement" aux habitants du territoire palestinien si le Hamas ne libère pas les otages.

Fuyant les bombardements israéliens meurtriers dans le nord du territoire palestinien assiégé et dévasté, des familles, plusieurs fois déplacées pendant la guerre, ont repris le chemin de l'exode. Le Hamas a accusé Israël de chercher à "torpiller" l'accord de trêve entré en vigueur le 19 janvier après 15 mois de guerre à Gaza.

Fort du soutien de l'allié américain, le gouvernement de Benjamin Netanyahu a affirmé que la reprise des opérations militaires à Gaza était "indispensable" pour assurer la libération des otages encore aux mains du Hamas. Sur les 251 personnes enlevées durant l'attaque du 7-Octobre, 58 restent retenues à Gaza dont 34 ont été déclarées mortes par l'armée israélienne. Et Benjamin Netanyahu a prévenu que toute négociation pour leur libération se déroulerait désormais "sous le feu".

Cette photo, prise depuis la frontière sud d'Israël avec la bande de Gaza, montre des bâtiments détruits dans le nord de l'enclave palestinienne, le 19 mars 2025.
Cette photo, prise depuis la frontière sud d'Israël avec la bande de Gaza, montre des bâtiments détruits dans le nord de l'enclave palestinienne, le 19 mars 2025. © Jack Guez, AFP

Au lendemain de frappes massives sur Gaza qui ont fait au moins 413 morts selon le ministère de la Santé du Hamas, l'armée israélienne a annoncé avoir lancé des "opérations terrestres ciblées" dans le centre et le sud du territoire palestinien.

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"Dernier avertissement"

Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a adressé aux Gazaouis un "dernier avertissement", exigeant qu'ils libèrent les otages et se "débarrassent" du Hamas qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007.

"Si tous les otages israéliens ne sont pas libérés et si le Hamas n'est pas complètement sorti de Gaza, Israël prendra des mesures d'une envergure jamais vue jusqu'à présent", a-t-il dit dans une vidéo.

L'armée a en outre mené mercredi de nouvelles frappes aériennes qui ont fait au moins 13 morts, selon le ministère de la Santé.

Des secouristes transportent le corps d'un employé de l'ONU à l'intérieur d'un hôpital de Deir al-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, le 19 mars 2025.
Des secouristes transportent le corps d'un employé de l'ONU à l'intérieur d'un hôpital de Deir al-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, le 19 mars 2025. © Eyad Baba, AFP

Le Bureau de l'ONU pour les services d'appui aux projets (Unops) a confirmé la mort d'un de ses employés, tué par un "engin explosif" "largué ou tiré" sur un de ses bâtiments à Deir al-Balah (centre).

Le Hamas a accusé l'armée israélienne, qui a nié avoir "frappé un complexe de l'ONU à Deir al-Balah".

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a réclamé une "enquête complète" sur le drame.

Des Palestiniens inspectent les décombres d'une maison détruite par une frappe israélienne dans la ville de Gaza, le 19 mars 2025.
Des Palestiniens inspectent les décombres d'une maison détruite par une frappe israélienne dans la ville de Gaza, le 19 mars 2025. © Omar Al-Qattaa, AFP

Comme la veille dans le nord de Gaza, hommes, femmes et enfants ont fui plus au sud au milieu des décombres, à pied ou entassés dans des charrettes tirées par des ânes, emportant matelas de mousse, bassines en plastique ou tentes.

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Manifestation anti-Netanyahu

Une jeune femme brandit une pancarte lors d'une manifestation à Jérusalem contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, appelant à la fin de la guerre à Gaza, le 19 mars 2025.
Une jeune femme brandit une pancarte lors d'une manifestation à Jérusalem contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, appelant à la fin de la guerre à Gaza, le 19 mars 2025. © John Wessels, AFP

Mardi, Israël a lancé sur Gaza ses frappes les plus meurtrières depuis l'entrée en vigueur de l'accord de trêve le 19 janvier, et Benjamin Netanyahu a averti qu'elles n'étaient "que le début".

Mais ce dernier est sous pression aussi en Israël. À Jérusalem, des milliers de personnes ont manifesté en l'accusant de poursuivre la guerre au mépris du sort des otages. "Nous avons tous été pris en otages par un gouvernement sanguinaire", ont scandé certains manifestants, d'autres appelant à la démission du Premier ministre.

"Ce n'est que par le biais des négociations et d'un accord que nous pourrons libérer les otages. Nous n'avons pas le choix", a lancé un manifestant, Yossi Epstein, 65 ans.

Même si le Hamas a affirmé ne pas "refermer la porte des négociations", il a réitéré ses exigences de commencer la deuxième phase des négociations prévues par l'accord de trêve.

Marche en direction de Jérusalem de manifestants israéliens protestant contre le Premier ministre Benjamin Netanyahu, le 19 mars 2025.
Marche en direction de Jérusalem de manifestants israéliens protestant contre le Premier ministre Benjamin Netanyahu, le 19 mars 2025. © Menahem Kahana, AFP

La première phase de la trêve, qui a expiré le 1er mars, a permis le retour en Israël de 33 otages, dont huit morts, et la libération d'environ 1 800 détenus palestiniens.

Depuis, les négociations menées par l'intermédiaire du Qatar, des États-Unis et de l'Égypte n'ont pas progressé.

Avec AFP