Elle incarne Louise Violet, une institutrice de la fin du XIXe siècle: Alexandra Lamy, une soif d’apprendre
Cet article est issu du «Figaro Magazine»
«Ce n’est pas dans la science qu’est le bonheur, mais dans l’acquisition de la science», écrivait Edgar Allan Poe dans Le Pouvoir des mots. Bien qu’elle n’ait pas été une brillante élève, Alexandra Lamy a retenu la leçon. Ses vingt-sept ans de carrière à la télévision, au cinéma et au théâtre, et son immense popularité n’y auront rien changé: dans son métier d’actrice comme dans la vie, cette femme garde sa fraîcheur éclatante grâce à la curiosité qui l’habite et à son insatiable soif d’apprendre.
Le goût de la transmission
Lorsque Éric Besnard lui a envoyé le scénario de Louise Violet, elle avait donc toutes les raisons de s’y intéresser. «Il est sorti du lot par son écriture, d’abord, car il est rare de lire un script aussi riche et des dialogues aussi ciselés. Ensuite, cette histoire retraçant, en 1889, le destin d’une Parisienne envoyée à la campagne pour imposer l’école de la République auprès de paysans réticents, permettait d’aborder la question de l’éducation, mais aussi celui de la ruralité et de l’émancipation d’une femme. Louise Violet, enfin, était passionnante à incarner car elle a plusieurs couches: une détermination sans faille et une force de vie, mais aussi un lourd secret qu’elle porte et qui lui donne une certaine froideur.»
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Pour incarner cette enseignante, l’actrice a dû réviser le chapitre sur la Commune de Paris dont est issu son personnage, et a prêté à ce dernier son énergie et sa détermination. Une qualité dont n’a jamais manqué la gamine d’Alès qui, dans le dos de ses parents et avec la complicité d’un prof de français, rejoignait trois fois par semaine le Conservatoire de Nîmes pour apprendre les règles du jeu. «Je disais que j’allais à la bibliothèque et faisais les 50 bornes en stop ou en TER pour rejoindre mon cours. Quand mon père s’en est rendu compte, il a râlé, mais je lui ai proposé de venir voir la pièce dans laquelle je me produisais. À la fin de la représentation, il m’a lancé :“J’ai toujours dit à ta mère que tu étais faite pour le théâtre!”»
La voie étant ouverte, sa cadette, Audrey, s’y est engouffrée (hasard du calendrier, elle est aussi à l’affiche d’un film cette semaine), faisant naître chez Alexandra Lamy le goût de la transmission. Après sa sœur, elle a pu le décliner avec sa fille, la comédienne Chloé Jouannet, et avec le public, qu’elle rencontre régulièrement à travers la France entière. Ne rechignant jamais à accompagner la sortie de ses films lors d’avant-première, elle voyage aussi beaucoup avec Touchées, ce téléfilm qu’elle a adapté de la BD de Quentin Zuttion et mis en scène, et qui évoque la résilience par l’escrime de femmes battues. Depuis sa diffusion, en 2022, l’actrice ne manque jamais une occasion de sauter dans un train pour aller le montrer dans des écoles ou des associations. L’occasion pour elle de partager ses combats, mais aussi de prêter une oreille attentive à ses concitoyens.
Curieuse de tout et de tous
Car si l’héroïne d’Un gars, une fille est aussi populaire, c’est parce qu’elle est dotée d’une curiosité sincère pour le monde qui l’entoure et pour son prochain. À l’aise dans le milieu du cinéma, elle se sent vraiment chez elle lorsqu’elle regagne son Sud auprès de sa famille, de ses amis, des «héros du quotidien». C’est auprès d’eux qu’elle puise en ce moment l’inspiration pour écrire un scénario qui lui permettra de retourner derrière la caméra et qu’elle prépare ses deux prochains films avec Éric Besnard: Jean Valjean, où elle retrouvera Grégory Gadebois, et un autre drame dont elle sera l’héroïne. «Un scénario magnifique brossant le portrait d’une femme qui va apprendre à dire non et auquel j’ai répondu par un grand oui»!