Résistance : quand le clergé français sauvait les juifs pendant la Seconde guerre mondiale
Au printemps 1940, l’armée française est défaite par la Wehrmacht et le Maréchal Pétain s’engage à collaborer avec les forces d’occupation. Parmi les mesures prises par son gouvernement, installé à Vichy : le statut des juifs, daté du 18 octobre, qui les exclut de la vie publique. Beaucoup de réfugiés juifs étrangers sont également regroupés dans des camps d’internement.

Dès l’été 1940, certains entrent en Résistance morale et spirituelle.
C’est le cas du pasteur Roland de Pury à Lyon qui déclare en chaire le 14 juillet : "Mieux vaudrait la France morte plutôt que vendue."
C’est aussi le cas de Bruno de Solages, recteur de l’Institut catholique de Toulouse, qui accueille des réfugiés de toute l’Europe, et leur attribue des cartes d’étudiants pour leur permettre de fabriquer des faux papiers et d’entrer en clandestinité.

Mais le vrai tournant s’opère à l’été 1942, quand les grandes rafles commencent. Les bénévoles qui travaillent dans les camps d’internement, près de Toulouse, alertent l’archevêque des mauvais traitements dont sont victimes les juifs, acheminés à pied vers des wagons à bestiaux. Monseigneur Saliège fait alors taper une lettre à lire dans toutes les églises de son diocèse dans laquelle il dénonce les déportations et en appelle à la morale chrétienne.

À Lyon, dans la nuit du 28 au 29 août 1942, l’association l’Amitié chrétienne organise le plus grand sauvetage d’enfants juifs en France grâce à la protection du cardinal Gerlier, archevêque de Lyon. Ce dernier, qui a soutenu le maréchal Pétain dès 1940, refuse de rendre les enfants au préfet de Lyon qui dirige les déportations. Le pouvoir spirituel défie le pouvoir temporel… et la Résistance lyonnaise en fait un tract mémorable.

Les cardinaux Saliège et Gerlier ne sont pas inquiétés du fait de leur âge et de leur rang dans l’Église mais de nombreux hommes et femmes de foi sont arrêtés pour leur Résistance spirituelle. Roland de Pury passe plus de cinq mois incarcéré au fort Montluc à Lyon. D’autres sont envoyés dans des camps en Allemagne, comme Bruno de Solages et trois prêtres de l’Institut catholique de Toulouse. Ils témoigneront de leur déportation dans un ouvrage collectif intitulé "Pèlerins de bagne". Mais beaucoup de leurs compagnons d’infortune n’en reviendront pas.