L’AR-15, l’arme qui a failli tuer Donald Trump
Les républicains ont toujours été de fervents défenseurs du deuxième amendement, qui garantit aux ressortissants américains le droit de porter une arme. Ironie de l’histoire, l’homme a tenté d’assassiner l’ancien président des États-Unis hier lors d’un meeting en Pennsylvanie a utilisé un fusil semi-automatique AR-15. Une arme au cœur du débat sur l’armement aux États-Unis, utilisée dans un grand nombre de tueries de masse.
Donald Trump a été légèrement blessé à l’oreille, mais une personne présente dans la foule est morte et deux autres sont grièvement blessées. L’assaillant a été abattu dans la foulée. Un AR-556, un fusil semi-automatique de type AR-15 a été retrouvé près de son corps. Avec un prix modique d’environ 350 dollars, c’est l’arme la plus vendue dans le pays.
L'AR-15 a été conçue à Los Angeles dans les années 1950 pour la société ArmaLite, à laquelle renvoie le sigle «AR». En 1959, les droits sont vendus à Colt qui vend le fusil à l'armée américaine qui le renomme «M16», un nom plus connu du grand public. Son développement dans le civil n’est intervenu que bien plus tard. L’AR-15 a été utilisé par la police aux États-Unis, au Canada et au Royaume-Uni. En 2004, l'interdiction des armes d'assaut a été levée et les ventes d’AR-15 ont augmenté.
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Environ 25 millions d’AR-15 aux États-Unis
En 2020, une étude de la National Shooting Sports Foundation estime que 24,4 millions d'AR-15 circulent actuellement dans le civil aux États-Unis. Un sondage de l'université de Georgetown réalisé en 2021 sur les détenteurs d'armes donne peu ou prou les mêmes chiffres. À noter qu’elle est utilisée par de nombreux chasseurs. Selon une étude menée par le Washington Post, 15% de ses détenteurs disent l’utiliser sur cible et 12% pour la chasse.
Cette arme est devenue le symbole du débat sur le port d’armes aux États-Unis. Pour les partisans de la régulation, elle est l’arme préférée des auteurs de fusillade. De fait, elle a été utilisée dans un très grand nombre de tueries de masse ces dernières années : Uvalde en 2022, Parkland en 2018, Las Vegas en 2017, Orlando en 2016, ou dans la tuerie de l'école primaire Sandy Hook en 2012. Deux tiers des Américains se déclarent en faveur d'une réglementation plus stricte de ce droit selon un sondage USA Today/Ipsos de 2021.
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Symbole du débat sur les armes
Pour les inconditionnels du deuxième amendement, elle est aussi le symbole de la liberté du port d’arme. En 2023, des élus républicains ont par exemple suscité l’indignation de leurs adversaires démocrates en arborant au Congrès un pins en forme d'AR-15. En outre, les tentatives de régulation se heurtent systématiquement à la puissance du lobby de l'armement. Le président sortant Joe Biden est toutefois parvenu à obliger les vendeurs à vérifier le profil des acheteurs depuis 2022. Dans certains États, la vente de fusils semi-automatiques est interdite aux moins de 21 ans.
L’année dernière, la mise sur le marché du JR-15, un fusil spécialement conçu pour les enfants sur le modèle de l'AR-15, a provoqué l’ire des associations favorables à la régulation des armes. La société de fabrication WEE1 Tactical notait sur son site que c’était «la première de nombreuses armes qui aideront les adultes à faire découvrir aux enfants le sport de tir en toute sécurité». Elle évoquait un fusil «comme l'arme de papa et maman».
De son côté, la Newtown Action Alliance avait fustigé l'imagerie utilisée par le manufacturier pour attirer les jeunes clients : un crâne de pirate avec une coupe iroquoise pour les garçons et des couettes blondes pour les filles, une tétine à la bouche. En 2021, les armes à feu ont fait près de 45.000 morts aux États-Unis, dont environ 24.000 suicides, selon l'organisation Gun Violence Archive. Plus de 1500 mineurs ont été tués.