Jean-Jacques Goldman : encore un bouquin, un bouquin pour rien

Il est, paraît-il, la « personnalité préférée des Français ». On se demande si les sondeurs n'utilisent pas de vieux fichiers, si certains des sondés, des fois, ne seraient pas morts depuis longtemps. À ce train-là, on aura bientôt droit à René Coty et Marcel Cerdan. Ce statut a donné des idées à l'historien Ivan Jablonka, qui a choisi d'écrire, dans un élan très lyrique, une somme consacrée à son idole, en jouant les sociologues pour un artiste qui n'en a pas besoin. Le livre, Goldman (Seuil), s'est vendu à plus de 20.000 exemplaires depuis sa sortie fin août.

« J'ai fait la socio-histoire d'un artiste pour raconter nos années Goldman, explique l'auteur. « Travail de sciences sociales, archéologie d'une époque, ce livre est aussi un autoportrait, car je me regarde en Goldman comme dans un miroir. » Tout est dit, en toute modestie. La place est libre pour les délires personnels plaqués sur l'œuvre pourtant très basique d'un chanteur de mauvaise variété (pléonasme). Chemin faisant, Jablonka nous fait l'histoire des années 80, SOS Racisme, les Restos du Cœur, François Mitterrand, Bernard Tapie, le Top 50 de Marc Toesca, etc. « Goldman incarne le Zeitgeist (« l'esprit du temps », NDLR) des années 85-87 ». Mais où vivait donc Ivan Jablonka à l'époque pour affirmer pareille ineptie ? L'auteur fait de Goldman la star absolue de la seconde moitié des années 80. Il oublie que les jeunes, à l'époque, écoutaient surtout les Cure, U2, les Rita Mitsouko, Prince, Madonna, Depeche Mode, Bruce Springsteen, Étienne Daho, George Michael, Guns N' Roses, les Eurythmics, on en passe. En ce temps, personne n'a jamais croisé quiconque âgé entre 15 et 25 ans écoutant les ritournelles irritantes de Jean-Jacques Goldman. En réalité, ses fans étaient souvent composés de très jeunes filles vivant en province. Goldman a écrit des tubes à la pelle pour lui et pour les autres, qui passent encore à la radio, mais il n'a laissé aucune empreinte sur l'histoire de la musique. Faire des tubes ne signifie pas être un grand musicien. Gainsbourg n'en a quasiment eu aucun, son legs compte dix fois plus que celui de l'auteur à la voix de fausset et aux paroles d'une rare niaiserie.

Cet article est réservé aux abonnés. Il vous reste 72% à découvrir.

Black Friday

-70% sur l’abonnement numérique

Déjà abonné ? Connectez-vous