«Je dors mal et je ne mange que de la soupe le soir» : Guardiola au bout du rouleau à Manchester City
L’image avait choqué, un peu fait rire certains supporters et beaucoup inquiété d’autres. Après avoir encaissé trois buts en 15 minutes, Manchester City avait concédé le nul à domicile contre Feyenoord en Ligue des champions (3-3), et Pep Guardiola était apparu avec de nombreuses traces de griffures sur le visage et le crâne. Il s’était lui-même fait ces marques «avec (ses) doigts, (ses) ongles». Avant d’ajouter dans un sourire carnassier : «Je veux me faire du mal.»
L’entraîneur mancunien s’est excusé le lendemain d’avoir plaisanté ainsi sur l’automutilation qui, en France par exemple, a entraîné plus de 75.000 hospitalisations selon une étude de l’Observatoire national du suicide (ONS) menée en 2022. Sans spéculer sur la santé mentale de Guardiola, il apparaît évidemment que ce dernier traverse une période délicate, la pire de son immense carrière sur le plan des résultats.
«Je ne suis pas assez bon», reconnaît Guardiola
Il y a un mois, City perdait cinq matches de suite toutes compétitions confondues, du jamais-vu pour Guardiola. Il y a ensuite eu cet effondrement contre Feyenoord, la défaite à Liverpool dans un choc de la Premier League (2-0), une contre-performance à Crystal Palace (2-2), un revers chez la Juventus en C1 (2-0) et, cerise sur ce gâteau infect, la défaite dans le derby contre Manchester United dimanche (1-2).
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«Nous devons nous regarder dans le miroir», a pesté le milieu portugais Bernardo Silva dimanche. «À la fin, nous avons joué comme des moins de 15 ans», a-t-il ajouté, ulcéré par les deux buts encaissés par City dans les dernières minutes. «Je ne suis pas assez bon. Je suis le patron, le manager, je dois trouver des solutions et jusqu’ici je ne l’ai pas fait», s’est désolé Guardiola.
Le Catalan, en poste depuis 2016, a bâti un collectif et développé une symphonie comme le football en avait rarement été témoin. Mais la partition s’essouffle, les leaders manquent à l’appel, le milieu et Ballon d’Or Rodri est blessé, le buteur Erling Haaland ne montre pas la voie et Guardiola a perdu l’inspiration. Récemment interrogé par l’ex-attaquant italien Luca Toni pour Prime Video, le coach de 53 ans s’est confié sur l’impact de cette mauvaise passe sur sa vie loin des terrains.
Tous les stades veulent me virer, peut-être qu’ils ont raison avec les résultats que nous avons eus.
Pep Guardiola après le chambrage des supporters de Liverpool
«Est-ce que je perds la tête parfois ? Oui. Je dors mal et je ne digère plus bien en ce moment. Je dois manger léger. Que de la soupe le soir», a détaillé Guardiola, qui assure pourtant être «le même coach qu’il y a cinq mois». Celui qui a remporté six fois le championnat d’Angleterre, comme il l’a rappelé avec ses doigts aux supporters de Liverpool lorsque ces derniers le chambraient alors que la défaite se dessinait.
Anfield reprenait alors un chant bien connu outre-Manche : «You’re getting sacked in the morning», traduisible par «Tu te feras virer demain matin». «Tous les stades veulent me virer, peut-être qu’ils ont raison avec les résultats que nous avons eus», a commenté Guardiola, conscient que n’importe quel autre entraîneur au monde, dans n’importe quel autre club, serait menacé si ce n’est déjà limogé à sa place.
Un rendez-vous immanquable à Paris
Aucune rumeur ne filtre en ce sens, et pour cause : Guardiola a prolongé de deux ans, soit jusqu’en 2027, il y a un mois, en pleine série de défaites. Une preuve de confiance des patrons émiratis de City. Peut-on parler de crédit illimité pour autant ? City, 5e de Premier League, a sûrement déjà dit adieu au titre. Il a été éliminé de la Coupe de la Ligue par Tottenham (2-1) et va jouer très gros en Ligue des champions face au PSG, au Parc des Princes le 22 janvier.
L’autre possibilité est que Guardiola démissionne, lui qui disait la semaine dernière qu’il n’entraînerait aucun club après Manchester City. Dans tous les cas, il faudrait trouver un remplaçant approprié à un homme qui a grandement influencé la façon de jouer au football depuis ses débuts idylliques sur le banc du Barça (2008-2012). Son avenir à court terme se jouera à Birmingham, sur la pelouse d’Aston Villa, 6e de Premier League, ce samedi (13h30). Ce qui aurait été un match piège il y a encore quelques mois prend des allures de montagne à gravir pour City.