Loi sur le narcotrafic : le vote d’Andy Kerbrat, pris en flagrant délit d’achat de drogue, fait réagir
Son vote n’est pas passé inaperçu. Lundi 24 mars, le député LFI de Loire-Atlantique Andy Kerbrat, pris en flagrant délit d’achat de drogue en octobre dernier, a voté contre certains amendements relatifs à la loi sur le narcotrafic. Malgré son absence de l’Assemblée nationale le temps de se faire soigner, la législation lui permet de continuer à prendre part aux divers votes. Cela passe par une procuration confiée à l’insoumise Ségolène Amiot, députée voisine de la troisième circonscription de Nantes-Saint-Herblain.
«Quel message envoie ce vote à nos concitoyens du territoire victimes au quotidien des trafics de drogue et des conséquences de l’activité autour des points de deal?», s’est interrogé jeudi soir le conseiller municipal herblinois Matthieu Annereau, dans un communiqué. «En arrêt maladie depuis trois mois pour soigner son addiction à la drogue, après s’être fait arrêter suite à l’achat de drogue à un mineur, M.Kerbrat s’érigeait pourtant en victime... Mais il ne souhaite pour autant pas sanctionner les trafiquants et aider à démanteler les réseaux de trafic de drogue, surprenant, chacun se fera son idée...»
«Cela ne choque personne ?»
«Alors qu’il soigne son addiction, il a voté contre une loi pour lutter contre les narcotrafiquants. Cela ne choque personne ?», a également réagi sur X le syndicat SCSI-CFDT, représentant des officiers et commissaires de police. «Après avoir été pris en flagrant délit d’achat de drogue dure à un mineur avec son salaire de député de la République, il OSE voter CONTRE la loi sur le narcotrafic !???», s’est à son tour offusqué sur le réseau social Foulques Chombart de Lauwe, conseiller municipal de droite à Nantes.
Sollicitée, la députée LFI Ségolène Amiot, qui vote pour Andy Kerbrat depuis le début de son arrêt maladie, ne comprend pas ces atermoiements. «Ce ne sont pas des amendements qui ont trait à la consommation, au consommateur, à la prévention. Le texte de loi est principalement dirigé sur les moyens de la justice et de la police», se défend-elle. «Est-ce que la police va pouvoir activer des micros de téléphone portable ? Dans quelles prisons met-on les plus grands trafiquants... Est-ce que vous pensez que cela a un lien avec M.Kerbrat ? Quel lien faut-il voir et que je ne verrais pas ?», s’interroge l’élue, se référant à la position nationale de son groupe sur ce sujet.
L’extrême gauche n’a pas prévu de voter le texte, dont le vote solennel est prévu le 1er avril. Jugé «vital» par le gouvernement, le parti y voit au contraire «une proposition inefficace et dangereuse» et a prévu de saisir le conseil constitutionnel.
Parmi les mesures, se trouve la création d’un parquet national anticriminalité organisée, à l’instar de ce qui existe en matière financière ou terroriste. La question du blanchiment d’argent est également au cœur, afin de «frapper les narcotrafiquants au portefeuille». Des interdictions de paraître pourront aussi être prononcées envers les trafiquants et leurs «petites mains» sur les points de deal. Autre piste : les services de renseignement pourront utiliser de manière expérimentale une technique algorithmique pour détecter des connexions pouvant révéler des menaces liées à la délinquance.