Les Français contre la suppression de la voiture en centre-ville

Plus de voitures. Une inscription qui pourrait s’afficher à l’entrée de nombreux centres-villes. La plupart des grandes villes de l’hexagone - Paris, Lyon, Bordeaux, Nantes, Strasbourg, Toulouse, Reims, Lille pour n’en citer que quelques-unes - font la chasse aux voitures. Réduction des voies de circulation et des places de parking en surface, tarifs de stationnement confiscatoires, sens de circulation remaniés, voies piétonnisées : tout est bon pour dissuader les automobilistes de prendre leur voiture. L’amélioration de qualité de l’air que l’on respire est à ce prix. Les citoyens sont invités à se déplacer en recourant aux mobilités baptisées «douces» et aux transports en commun. Des modes de transport pas toujours appropriés pour les séniors notamment.

Circuler en voiture, dans la plupart des communes citées plus haut, est devenu un tel cauchemar que de nombreuses personnes ont tout simplement renoncé à se rendre dans le centre des villes et à y faire leurs courses. Résultat : les commerces ferment et c’est la spirale pernicieuse qui s’enclenche. Ce n’est que le début à en juger par le nombre de fermeture de magasins en augmentation. Face à la baisse d’activité due à la chute de la fréquentation, un peu partout en France, de nombreux commerçants ont déjà tiré la sonnette d’alarme. À l’approche des élections municipales, le sujet est déjà à l’ordre du jour.

Passer la publicité

Interrogées à la demande de la plateforme numérique de civic-tech «Mon Avis Citoyen» existant depuis 2017 et œuvrant à réconcilier les citoyens avec leurs élus, 10 004 personnes issues de 386 communes réparties sur l’ensemble du territoire français ont participé à l’enquête en juillet dernier. Il ressort que les Français sont majoritairement contre l’interdiction des voitures en centre-ville, considérée comme une atteinte à la liberté de circulation. 72 % exactement s’y opposent, en augmentation de 2 % par rapport à la précédente étude de 2022. Trois raisons principalement motivent leurs positions. Pour la majorité des Français, la voiture reste essentielle pour accéder aux commerces en centre-ville, en particulier ceux vivant dans des zones rurales ou des villes moyennes. La deuxième raison tient à la peur que l’interdiction affecte l’activité économique des centres-villes, notamment chez les commerçants et les artisans. Enfin, ils considèrent que les alternatives de mobilité sont insuffisantes. Les transports en commun, souvent jugés insuffisants dans les villes moyennes ou rurales, sont cités comme un obstacle majeur à la mise en place d’une telle interdiction. On pourrait ajouter l’insécurité galopante dans les transports en commun n’incite pas non plus à y recourir.

Les positions varient suivant l’âge des personnes interrogées mais aussi suivant la taille des villes. Les jeunes adultes (18-29 ans) sont de plus en plus nombreux à soutenir l’interdiction des voitures en centre-ville avec une augmentation de 9 % par rapport à 2022. C’est d’ailleurs l’une des franges de la population qui fait le plus appel au commerce en ligne et se fait livrer ses courses à domicile. Enfin, ce sont les villes de 30 000 à 50 000 habitants où l’opposition à l’interdiction de la voiture est la plus marquée. Elle est en augmentation de 16 % par rapport à 2022. Un résultat qui s’explique notamment par l’absence de moyens de transport de substitution.