« C’est une arnaque organisée contre les travailleurs allophones au bénéfice du patronat » : la loi Darmanin continue de discriminer sur le niveau de langue
La loi immigration rime définitivement avec discrimination. Pour les travailleurs allophones (dont le français n’est pas la langue maternelle), les conditions d’obtention ou de renouvellement de leur titre de séjour se durcissent. Le gouvernement a publié au Journal officiel deux nouveaux décrets pour « contrôler l’immigration », effectifs au 1er janvier. Le niveau A2 de français à l’oral, en lecture et en écriture, est désormais exigé.
Ce niveau correspond à celui que l’on attend d’un collégien de quatrième. Pour Gérard Ré, membre du bureau confédéral de la CGT, « ça confirme ce que l’on disait l’an dernier pendant la lutte contre la loi Darmanin : ce texte est excluant ».
Plus de 50 000 travailleurs concernés dans le secteur de la propreté
« C’est une arnaque organisée contre les travailleurs allophones au bénéfice du patronat », alerte aussi la Feets-FO (fédération chargée notamment du secteur des services) dans un communiqué. Pour Nadia Jacquot, sa secrétaire fédérale, c’est une nouvelle façon de « créer encore plus de travailleurs sans papiers pour les traiter et les payer sans règles ». Ces mesures concerneraient plus de 50 000 travailleurs rien que dans le secteur de la propreté, et des « centaines de milliers » d’autres dans les transports, la restauration ou le bâtiment, selon Force ouvrière.
C’est le cas M. Ali, cuisinier à Nice depuis dix-huit ans. L’ex-bijoutier sénégalais attend depuis bientôt six mois le renouvellement de sa carte de séjour. Lui qui parle et lit très bien le français s’inquiète pour l’examen écrit. En cas d’échec, il s’imagine revivre des moments compliqués : « Être sans papiers, c’est avoir peur de travailler, avoir peur de circuler… »
La Feets-FO exige des formations adéquates, prises en charge par les employeurs. L’un des décrets fixe à quatre-vingts heures ces cours de langue à la charge du patron. Il en faudrait « six cents heures (pour) atteindre ce niveau », souligne le syndicat.
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