Budget 2025, réforme des retraites, censure... Ce qu'il faut retenir des déclarations de François Bayrou après la nomination de son gouvernement
Sa déclaration de politique générale n'a lieu que le 14 janvier, mais François Bayrou profite de la trêve des confiseurs pour dessiner les contours de son action. Le Premier ministre, dont le gouvernement de 35 ministres a été nommé lundi 23 décembre, après des journées de tractations, a été longuement interrogé sur BFMTV dans la soirée.
Composition du gouvernement, crise des finances publiques, éventualité d'une nouvelle censure... Le Béarnais a défendu ses choix politiques et tenté de convaincre de la pertinence de sa feuille de route pour 2025. Franceinfo fait le point sur ses principales déclarations, dix jours après sa nomination à Matignon.
Le Premier ministre réfute toute "influence" du RN sur la composition de son gouvernement
François Bayrou a réfuté toute "influence" du Rassemblement national sur la composition de son gouvernement, contrairement à ce qu'a affirmé Xavier Bertrand, qui a refusé d'entrer au sein du gouvernement. "D'abord, il n'est pas vrai que quelque influence que ce soit se soit exercée sur moi", a déclaré le Premier ministre. "Xavier Bertrand proposait une démarche que j'ai trouvée violente au ministère de la Justice", une "approche" qui n'était "pas la [sienne]" car "le ministère de la Justice, c'est un ministère de pacification" et "d'équité". Le poste de Garde des sceaux est finalement revenu à Gérald Darmanin.
Le gouvernement veut un déficit public "autour" de 5% en 2025
C'est un chantier urgent, cet hiver : la France n'a pas encore de budget pour l'année 2025. Les deux ministres en première ligne sur ce dossier, Eric Lombard et Laurent Saint-Martin, vont devoir plancher rapidement sur le projet de loi de finances (PLF) pour 2025. Pour sa part, François Bayrou espère "le moins de charges fiscales supplémentaires" car "il faut d'abord qu'on travaille sur la dépense publique". Il a plaidé pour un retour de l'objectif de déficit public "autour" de 5% ou "un peu plus" en 2025, là où son prédécesseur Michel Barnier avait mis la barre à 5%.
Le budget sera l'objet d'une âpre bataille au Parlement, après la censure du gouvernement Barnier sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS). Sur BFMTV, François Bayrou a défini sa méthode : "Je n'utiliserais le 49.3 qu'à la dernière extrémité sur le budget", a-t-il affirmé, ouvrant la voie à un rejet des textes si le Nouveau Front populaire (NFP) et le Rassemblement national (RN) votent contre.
Pas de suspension de la réforme des retraites de 2023
François Bayrou a dit refuser de suspendre ou de geler la réforme des retraites de 2023, comme le demande la gauche. "Non, je ne ferai pas ça. Dans quel monde vivent-ils ? Est-ce qu'ils savent que la France est observée, scrutée parce qu'on appelle les agences" de notation, "et si (leurs) notes ne sont pas bonnes, alors les taux d'intérêts explosent ?", a justifié le Premier ministre. "Il y a tous les compromis possibles. S'il existe, je suis prêt", a ajouté François Bayrou, qui s'est aussi dit "prêt" à ramener le délai de discussion sur cette réforme de neuf "à six mois".
Sur l'immigration, "pas de grande loi destinée à faire (…) de la communication"
"Priorité à l'exécution et à l'application des mesures qui ont été votées", a déclaré le Premier ministre à propos de l'immigration. "Et ensuite, j'ai discuté de ça avec Bruno Retailleau : (...) pas de grande loi destinée à faire, en fait, de la communication. Prenons les problèmes un par un, y compris par des propositions de loi des assemblées", a-t-il ajouté. François Bayrou a dit par ailleurs vouloir procéder à "une mise en tension avec les pays qui refusent" de réadmettre leurs ressortissants frappés d'obligation de quitter le territoire français (OQTF).
François Bayrou est "persuadé" de ne pas être censuré
François Bayrou s'imagine durer à Matignon. "Je suis persuadé que l'action que je définis devant vous et l'équipe gouvernementale feront que nous ne serons pas censurés", a-t-il déclaré sur BFMTV. Egalement interrogé sur ses relations avec le président Emmanuel Macron, il a assuré qu'il ne se laisserait pas entraîner dans "le petit jeu de l'affrontement" qui serait "stérile", alors que sa première semaine à Matignon a été marquée par quelques dissensions avec l'Elysée.
A propos de ses débuts face au Parlement, lors de sa déclaration de politique générale, François Bayrou a les idées claires : il ne veut pas de vote de confiance, consultation facultative pour le Premier ministre, mais s'attend au dépôt d'une motion de censure par les oppositions, qu'il veut "respecter dans leur statut". A l'égard du RN, il a qualifié Marine Le Pen "d'extrême droite politiquement".