Une mosaïque romaine, enfouie depuis dix-sept siècles, mise au jour en Turquie

La cité turque de Bursa, autrefois capitale de l’Empire ottoman, révèle l’un de ses trésors. Enfouie depuis plus de dix-sept siècles, une remarquable mosaïque romaine illustrant l’excellence artistique des populations locales de l’époque a été mise au jour par l’équipe archéologique du musée d’Iznik le 20 novembre. Ornant un pavement d’une cinquantaine de mètres carrés, probablement plus vaste selon les informations de l’agence de presse gouvernementale Anadolu, elle met en lumière deux dessins de scènes mythologiques et naturalistes, dont une déesse de l’abondance se promenant avec un panier de fruit et une représentation anthropomorphique du lac d’Iznik, sous les traits d’un personnage nommé Askania.

Selon les chercheurs, la mosaïque, déjà entrevue en 2014 lors de travaux de canalisation, se distingue par son « exceptionnel raffinement ». L’œuvre est, en effet, composée de motifs d’une éclatante précision. Les tesselles (carrés de mosaïque) faites de pierre, de marbre et de verre forment des décors géométriques encerclés par une bordure de grenades et de feuilles de lierre, rappelant la fertilité de la province romaine de Bursa, autrefois territoire florissant et position stratégique de l’Empire romain en tant que point charnière entre l’Orient et l’Occident sur la Route de la Soie.

La mosaïque pourrait s’étendre sur une vingtaine de mètres carrés. Mustafa Yılmaz/AA
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Restes d’édifices byzantins et ottomans

D’après les recherches préliminaires, l’immense mosaïque ornait le sol en marbre de ce qui pouvait être une villa appartenant à une grande famille de la région, ou un bâtiment public construit sous l’autorité impériale romaine. De son côté, Yusuf Kahveci, responsable des fouilles, émet l’hypothèse de « thermes romains » auprès de l’agence Anadolu, après avoir remarqué lors des nombreux mois d’examen l’abondance de motifs liés à l’eau sur les murs. Il soutient également que l’intérieur de ce riche édifice pouvait « rivaliser » autrefois avec les décors des cités les plus prospères d’Asie mineure.

L’étude montre également l’occupation et la reconstruction permanente du bâtiment entre le IIIe et le XVIe siècle, grâce à des restes d’édifice de l’époque byzantine et ottomane retrouvés lors des fouilles. Selon les constatations des chercheurs, la mosaïque pourrait s’étendre bien au-delà de la surface déjà découverte et dépasser les 20 mètres de longueur, devenant ainsi la plus grande jamais identifiée dans la région de Bursa. Pour le moment, les archéologues n’ont dégagé qu’une partie de ce pavement pour y découvrir les tessères, des petits cubes composant le dessus d’une mosaïque. Des recherches complémentaires auront lieu prochainement.