Emprunte carbone, coût financier… l’heure du bilan pour les Jeux Olympiques Paris 2024

Les Jeux Olympiques de Paris ont suscité l’enthousiasme populaire l’été dernier, pour les organisateurs l’heure est désormais à boucler le bilan. Et les chiffres pleuvent alors que le Comité d’organisation (le COJOP), présidé par Tony Estanguet, doit se réunir pour l’une des dernières fois, jeudi 12 décembre, en conseil d’administration. Celui-ci se félicite d’abord d’un bilan financier positif avec des recettes de plus de 4,480 milliards d’euros, contre 4,453 milliards de dépenses. Soit 26,8 millions d’euros d’excédent. Un budget qui s’est toutefois envolé : en 2018, il était de 3,8 milliards d’euros, déjà supérieur aux 3,2 milliards inscrits dans le dossier de candidature.

La facture publique encore à établir

« C’est une immense satisfaction de présenter ces chiffres puisqu’ils sont positifs », s’est néanmoins félicité Tony Estanguet, lors d’une présentation à la presse en amont d’un conseil d’administration. La répartition de l’excédent, elle, n’est pas encore arbitrée même s’il est statutairement prévu qu’une partie aille au Comité olympique (CNOSF), au CIO ainsi qu’au développement du sport français pour 60 %.

Côté recette on compte les sponsors (1,238 milliard d’euros), le Comité international olympique (1,228) et la billetterie qui a été plus importante que prévu à 1,333 milliard d’euros du fait du « succès de l’évènement ». Plus de 12 millions de billets ont été vendus, boostés par la Cérémonie d’ouverture dont le Cojop ne veut pas préciser le coût mais seulement le chiffre global des quatre cérémonies : 154 millions d’euros.

Reste que le bilan vanté ne représente pas le coût total des Jeux car l’intégralité de la facture publique n’est pas connue. D’après des documents budgétaires du Sénat, le coût de la sécurité, estimé encore provisoirement et intégrant les primes aux policiers, dépasse un milliard d’euros, « plus important qu’anticipé ». Le président de la Cour des comptes, dont un rapport sur le sujet est attendu à l’automne 2025, avait évoqué en mars 2024 un coût public « entre 3 et 5 milliards ».

Un bilan social bien moins reluisant

Côté bilan carbone, les organisateurs se félicitent également. « Aujourd’hui, on est très fiers de dire qu’on a réduit l’empreinte carbone des jeux de 54,6 % par rapport aux éditions précédentes », a annoncé mercredi Georgina Grenon, directrice de « l’excellence environnementale » des JO de Paris. La facture s’élève tout de même à 1,59 million de tonnes équivalent CO2 (contre 3,5 millions de moyenne pour Londres 2012 et de Rio 2016).

L’empreinte de la construction a en particulier été limitée grâce au recours à 95 % à des infrastructures existantes ou temporaires, à l’inverse de la Coupe du monde de football très décriée au Qatar ou de celle à venir en Arabie saoudite.

Le poids des déplacements se révèle, lui, plus lourd qu’envisagé, avec finalement 53 % de l’empreinte carbone globale. « On a battu des records de vente des billets, donc nous avons eu plus de spectateurs que prévu initialement », justifie Georgina Grenon qui se félicite également d’un bilan « à -52 % des plastiques à usage unique dans la restauration » en comparaison « avec Londres, avec les mêmes volumes distribués ».

Tout n’est pourtant pas rose. L’ONG France Nature Environnement a ainsi récemment porté plainte à Nanterre contre Coca-Cola, qu’elle accuse d’avoir trompé les consommateurs durant les JO-2024 en promettant « zéro déchets » comme fournisseur de boissons malgré l’utilisation de bouteilles en plastique.

Quant au bilan social de ces jeux, ce sont les associations qui se sont chargées de le dresser. 260 lieux de vie informels ont été évacués et plus de 19 000 personnes expulsées entre le 26 avril 2023 et le 30 septembre 2024, a ainsi évalué le collectif le Revers de la médaille, début novembre. Depuis les Jeux de Moscou en 1980, « on n’avait jamais vécu de nettoyage social aussi intense et précis », avait alors dénoncé l’historien du sport Fabien Archambault.

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