Devenez-vous trop âgé pour conduire ? Ces signes qui montrent qu’un senior n’est plus apte au volant
Avec l’âge, certaines capacités visuelles, auditives et motrices peuvent décliner, rendant la conduite plus risquée. «C’est un constat très difficile à faire, car dès qu’ils déclinent, les seniors ont l’impression qu’on va leur enlever le droit de conduire . Et enlever la voiture à une personne âgée, cela peut être une première mort pour eux», note Aurélie Joly, formatrice ECF spécialisée dans l’accompagnement des seniors.
Mais si les personnes âgées sont moins dangereuses sur la route que les autres conducteurs, selon les chiffres de la mortalité sur les routes en 2024, certains signes de déclin doivent être scrutés avec attention. Pour Damien Dettori, également en charge de l’accompagnement des séniors au sein des autos-écoles ECF, «à partir d’un certain âge, il est nécessaire de proposer au sénior un accompagnement adéquat pour réduire leur risque sur la route».
«Au fond, les séniors ont les mêmes problématiques que les jeunes conducteurs, ils doivent apprendre à gérer plusieurs informations en même temps alors que leurs sens cognitifs ne sont pas encore, ou plus apte à le faire», résume le formateur.
Vision, audition et temps de réaction
Pour repérer qu’un senior en est à cette phase, il faut être attentif à un triptyque : la vision, l’audition et la réactivité au volant. «Ces trois caractéristiques peuvent facilement être auto-évaluées dans la vie de tous les jours», note Damien Dettori.
Pour la vue, les difficultés de lecture à distance, sont de bons indicateurs : lorsque l’on lit des affichages ou simplement le prix de la baguette à la boulangerie. En ce qui concerne l’audition, le signal d’alerte est assez classique, par exemple lorsqu’une personne fait souvent répéter les choses à son interlocuteur.
Avec l’âge, le temps de réaction et de réflexion des individus s’allonge, affectant leur capacité à effectuer plusieurs tâches simultanément. «Une manière très simple de repérer que vous y êtes confrontés est de regarder si quand vous cuisinez, vous êtes capables de suivre une discussion ou de vous occuper de vos petits-enfants en même temps», illustre Damien Dettori.
Une fois dans la voiture, quelques signaux supplémentaires indiquent que vos compétences en conduite ont largement diminué. «Ce peut être un constat très simple à faire. Peu à peu, vous observez qu’il y a de plus en plus de rayures ou de petits accrochages sur la voiture», conseille Aurélie Joly. «Les alertes du voisinage sont également cruciales. Parfois ils se rendent compte à votre place que vous avez plus de mal à rentrer dans votre allée, ou que vous roulez régulièrement au milieu de la route», ajoute la formatrice.
La peur est un dernier indicateur précieux pour évaluer le déclin de vos capacités de conduite. Lorsque les conducteurs âgés commencent à ressentir de l’anxiété face à certaines situations de conduite, il faut y prêter attention. La crainte de conduire dans des zones à forte densité de trafic, l’appréhension face à la vitesse, ou le stress ressenti en présence de situations complexes (embranchement, intersections travaux...) sont autant de signaux d’alarme.
Le médecin est le meilleur juge
Bien qu’il soit possible de s’auto-évaluer, ou de compter sur ses proches pour alerter sur nos capacités déclinantes, le médecin traitant joue un rôle crucial dans cette évaluation. «Il reste le mieux placé pour observer les changements physiques, cognitifs et sensoriels», indique Damien Dettori.
S’il l’estime nécessaire, le médecin traitant peut orienter le patient vers un médecin agréé par la préfecture pour une évaluation plus approfondie des capacités de conduite. Ce dernier a le pouvoir de prendre des décisions officielles et réglementaires concernant l’aptitude à la conduite.
Il peut alors imposer des restrictions, comme l’interdiction de conduite de nuit, la limitation du nombre de passagers, l’obligation d’ajouter des rétroviseurs supplémentaires ou l’utilisation obligatoire d’une boîte automatique. Dans les cas les plus graves, il a le pouvoir d’acter le retrait du permis de conduire d’un individu.
Accompagner et adapter la conduite
Mais que le médecin ordonne ou non des adaptations à la conduite, les auto-écoles souhaitent proposer «de toute façon» des solutions aux séniors en difficulté. «Chez ECF, nous avons un partenariat avec la mutuelle Malakoff pour donner des cours et des conseils spécifiques aux séniors», informe Damien Dettori.
Cette formation comprend des ateliers théoriques et pratiques. «On travaille beaucoup sur les trajets quotidiens type domicile-supermarché», indique le formateur. Des cours de Code de la route et des conseils très concrets sont également données au senior : éviter les intersections complexes, les heures de pointe, ou encore veiller à ne pas conduire la nuit ou par mauvais temps.
«Nous essayons aussi d’orienter les personnes âgées vers des voitures modernes, avec des technologies d’aides à la conduite et des boîtes automatiques. Les voitures de tourisme type Clio, 206 et C3, sont de très bons modèles», conclut Damien Dettori.