Pétrole en Guyane : Manuel Valls veut rouvrir le débat sur l'exploitation d'hydrocarbures

"Ouvrons le débat" sur l'exploitation de pétrole en Guyane, propose Manuel Valls, invité, lundi 17 février, sur franceinfo. Le ministre des Outre-mer souhaite revenir sur la loi Hulot, votée en 2017, qui a mis fin à la recherche et à l'exploitation des hydrocarbures en France, avec quelques dérogations pour les entreprises qui avaient déjà des concessions en vigueur.

"Tous les pays autour" investissent dans ce secteur, selon le ministre. "C'est le cas du Brésil, du Vénezuela, c'est le cas du Guyana et du Surinam, où Total va investir plus de 10 milliards d'euros, où il y a, dans les sols et en mer, des nappes de pétrole", énumère l'ancien socialiste. "Quand on parle du Suriname et du Guyana, on parle de petit Qatar, de petit Koweït, en pensant aux ressources qui existent", poursuit-il. "Et le seul territoire où ce débat ne pourrait pas avoir lieu, où on ne pourrait pas se poser ces questions, ce serait la France", s'interroge-t-il.

"Il faut le faire avec précaution, en respectant l'écosystème"

Il argue que "les élus sur place, de droite et de gauche, demandent" ce débat, "et ils disent, en plus, que c'est ce que pensent les Guyanais". "Ils nous disent 'ce sont nos ressources'", insiste-t-il, citant également le cas de l'or qu'il faut "mieux exploiter aujourd'hui", car le précieux métal est "aujourd'hui pillé par ce qu'on appelle l'orpaillage clandestin illégal".

"Il faut le faire avec précaution, en respectant l'écosystème de ce territoire grand comme la Belgique sur le territoire américain", tempère le ministre des Outre-mer, qui souhaite que la "France rayonne non pas seulement à travers ses territoires, mais que ces territoires puissent rayonner dans leur espace régional". "Et on interdirait aux Guyanais de pouvoir exploiter les ressources avec intelligence, avec équilibre, en respectant évidemment la nature", s'étonne Manuel Valls, qui ajoute que ces ressources "seraient très importantes pour eux, et qu'ils font face aux nombreux défis écologiques".

"Tout ce que je demande, c'est qu'on écoute les élus, qu'on écoute la population, les forces économiques et sociales de Guyane et qu'on regarde ce qu'on peut faire", résume Manuel Valls, qui se dit "très déterminé à ouvrir le débat". Mardi dernier, lors d'un débat au Sénat, il avait déjà fait connaître sa position, qui avait provoqué l'opposition immédiate de la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, pour laquelle ça "n'aurait pas de sens" de rouvrir ce débat.