«Mario Kart World» vaut-il ses 90 euros ? Le Figaro a essayé en avant-première la Nintendo Switch 2 et ses jeux
Essayer la console Nintendo Switch 2 et ses premiers jeux deux mois avant sa sortie mondiale, dans le cadre prestigieux du Grand Palais de Paris. Cette possibilité sera offerte à plusieurs centaines de joueurs français, tirés au sort en janvier dernier, de vendredi à dimanche soir. Mais Le Figaro, ainsi qu’une centaine de médias européens, a eu l’opportunité de pénétrer les lieux dès mercredi, juste après la diffusion de la conférence de presse durant laquelle Nintendo a dévoilé les premiers jeux de sa future machine : Mario Kart World, Donkey Kong Bananza, Metroid Prime 4 Beyond, Hyrule Warriors Age of Imprisonment, The Duskbloods...
Mais c’est une autre information, absente de la conférence, qui a agité les réseaux sociaux ainsi que les travées du Grand Palais : les tarifs appliqués par Nintendo pour sa future console (470 euros), et plus encore pour ses jeux. Le groupe japonais fait sauter un verrou en commercialisant le jeu de course Mario Kart World à 90 euros pour sa version physique, et 80 euros en version numérique. Du jamais vu, qui pourrait inspirer d’autres éditeurs... Les joueurs pourront toutefois faire baisser la note en optant pour un pack à 510 euros réunissant la console et ce jeu, qui reviendra alors à seulement 40 euros. Pas de ristourne par contre pour Donkey Kong Bananza, vendu 80 euros en version boîte et 70 euros en digital.
Nintendo n’a pas pour habitude de faire baisser le prix de ses jeux, et uniquement à la marge ceux de ses consoles : ces tarifs sont donc pensés pour durer. Et n’imaginez pas faire une bonne affaire en profitant d’un futur voyage au Japon pour ramener dans vos valises la console, vendue là-bas 49.890 yens, soit 310 euros au très favorable taux de change actuel. Cette version «Japan Only» de la Switch 2 est, comme son nom l’indique, uniquement en langue japonaise, et ne fonctionne qu’avec les comptes clients Nintendo du même pays.
Une prise en main similaire à la Switch 1
La Switch 2 vaut-elle donc cet investissement ? Il serait hasardeux d’avoir un avis tranché après une poignée d’heures passées manette en main. D’autant que le véritable juge de paix (le catalogue complet de jeux qui sortiront sur la Switch 2 durant sa première année, et qui en feront ou non une machine perçue comme incontournable) est encore flou à ce stade. Mais voici nos impressions après ce premier contact.
Première bonne surprise : malgré sa taille agrandie (1 centimètre de hauteur et 3 de longueur de plus, pour une épaisseur identique) et ses 100 grammes gagnés par rapport à la Switch 1, la console conserve une sensation de légèreté appréciable en mobilité. Gain de confort aussi sur l’écran, passé de 6,2 à 7,9 pouces et désormais full HD (mais pas 4K) et compatible HDR, ainsi que sur les manettes Joy-Con, aux boutons de tranche agrandis. Une bonne nouvelle pour les grandes mains. La prise en main globale est la même que sur la Switch 1 : les habitués de cette console seront dans leurs chaussons.
Il n’a par contre pas été possible de tester le «bouton C», pour «GameChat», la nouvelle fonctionnalité sociale de la Switch qui permet de discuter à l’oral ou en vidéo (avec une caméra vendue 60 euros) avec ses amis tout en jouant. Ce service sera gratuit jusqu’au 31 mars 2026 ; il faudra ensuite être abonné au Switch Online (20 euros par an) pour en profiter.
Nous avons par contre pu essayer le «mode souris» de la manette Joy-Con, qui s’active sur les jeux compatibles (Metroid Prime 4, Mario Party Jamboree, Civilization VII ...) quand elle est tournée à 90 degrés. La rapidité et la précision des mouvements sont alors bien meilleures qu’à la manette, mais aux dépens du confort. L’ergonomie n’est sans aucune mesure avec celle d’une souris de bureau (ou d’une «souris gaming»), et l’on sent vite poindre un léger inconfort au niveau du poignet après une session effrénée de Mario Party. Et même si le mode souris fonctionne sans table (on fait alors glisser les joy-con sur son pantalon), il restera plus agréable de se lever de son canapé pour s’asseoir à un bureau avec un grand tapis de souris.
Ce tapis de grande taille sera encore plus incontournable pour le jeu de handibasket Drag x Drive, où il faut manœuvrer à toute vitesse son fauteuil roulant avec les souris dans les deux mains. Les avant-bras chauffent vite, mais l’amusement reste aux abonnés absents. Il s’agit du jeu le moins convaincant de cette session de démonstration.
Un savoureux mode «battle royale» pour Mario Kart
Le fun, on le retrouve immédiatement avec Mario Kart World. La formule éprouvée de cette saga de jeux de courses sur quatre ou deux roues fonctionne toujours. Mais un nouveau mode de jeu en ligne relance tout l’intérêt de la formule. Désormais, ce sont 24 joueurs qui s’affrontent simultanément. L’interminable écran d’attente avant ces courses en ligne disparaît : pendant que chacun se connecte, le joueur peut librement explorer le monde de Mario Kart World, qui a la forme d’une carte unique où tous les circuits sont liés entre eux.
Les courses s’enchaînent donc les unes après les autres, mais avec un twist : les quatre derniers sont éliminés au fur et à mesure. On passe donc de 24 concurrents à 20, puis 16, 12, 8 et 4.... sans aucun temps mort. Cette sorte de «battle royale» d’une bonne grosse dizaine de minutes est d’autant plus savoureuse que les cartes sont sans cesse rebattues grâce aux objets offensifs (caparace rouge, éclair, boomerang...) que s’envoient joyeusement les pilotes, et qui ont toujours fait le sel de Mario Kart. Mario Kart 8 s’est vendu à 68 millions d’exemplaires sur Switch 1 : tout semble aligné pour que son successeur connaisse un destin commercial similaire.
Le Figaro a aussi pu jouer durant 10 minutes à Donkey Kong Bananza, qui sortira le 17 juillet. Ce jeu, qui a clôturé la conférence de Nintendo, signe le grand retour du célèbre gorille dans une aventure tout en 3D. Le principal trait distinctif de cet opus est la capacité pour Donkey Kong de tout détruire sur son passage. D’une pression de bouton, il peut détacher un rocher pour le lancer sur ses ennemis, ou creuser à volonté des tunnels dans le sol. Notre niveau était sur une île flottant dans les airs, et nous avons tellement creusé que nous avons abouti dans le vide, occasionnant un game over.
Cette destruction tous azimuts devrait enchanter les enfants, d’autant qu’elle s’accompagne d’effets sonores et visuels frénétiques. Mais elle est visiblement beaucoup plus fatigante à regarder pour leurs parents, et rend l’expérience moins lisible.
Zelda Breath of the Wild, Mario Party Jamboree... Le lancement de la Switch 2 s’accompagnera de versions «augmentées» de certains jeux de la Switch 1. Outre des meilleurs graphismes, elles disposent de fonctionnalités supplémentaires, voire d’une aventure inédite. Nous avons ainsi essayé l’extension «Star Crossed World» du jeu de plateforme Kirby et le monde oublié. Mais il faudra payer un supplément (d’un montant encore inconnu) pour bénéficier des versions «Switch 2 Edition» de ces jeux si on les possède déjà.
Un autre choix discutable est d’avoir rendu payant le titre Nintendo Switch 2 Welcome Tour. Ce dernier a tout d’une expérience ludo-éducative : en se balandant sur une Switch 2 géante, on en apprend plus sur l’ingénierie derrière la console, et on peut s’adonner à de multiples mini-jeux mettant en valeur le mode souris, les vibrations, bref les fonctionnalités techniques de la console. Ce «tour de bienvenue» aurait pu être offert aux acheteurs de Switch 2.