10 septembre : piquets, blocages et cortèges… récit d’une journée où la France s’est levée pour la justice sociale et la démocratie
L’amour préfère les contrastes aux similitudes, la colère beaucoup moins. Dans les rues de la France entière, ce mercredi 10 septembre, aux pieds des écoles, des hôpitaux, devant les grilles des entreprises ou sur les grands axes, plusieurs dizaines de milliers de personnes sont venues faire entendre leur voix, la libérer du bâillon macroniste.
En tenant des piquets de grève, en marchant, bloquant, ou seulement en s’asseyant face aux brigades déployées pour neutraliser leur mobilisation, ils sont venus dire haut ce que le pouvoir ne veut entendre, même tout bas : leur soif de justice, d’égalité, de démocratie.
Une mobilisation citoyenne massive contre les politiques du gouvernement
Au total, 430 actions ont été recensées par le ministère de l’Intérieur, réunissant près de 250 000 personnes, selon la CGT. Au même moment, au pied des marches de l’hôtel Matignon, François Bayrou et Sébastien Lecornu, ancien et actuel premier ministre, se sourient, s’applaudissent, saluent entre eux leur « courage » et leurs « convictions ».
« Je suis persuadé qu’il y a des millions de Français qui ont envie de participer à cette reconstruction réaliste », déclare le premier. « Il faut qu’on arrive à mettre fin au fond à ce double décalage, répond le second. Entre la situation politique et ce qu’attendent légitimement nos concitoyennes, nos concitoyens, pour leur vie quotidienne, pour la situation économique et sociale, leur sécurité. »
De belles palabres démenties par le déni, première doctrine du macronisme, et une énième tentative décomplexée de disqualification des protestations. « Ce mouvement qui est né d’une impulsion citoyenne a été dévoyé par une mouvance ultragauche ultraviolente », a éructé le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, composant ostensiblement deux camps : « La France des blocages » et « celle du courage ».
5 heures. Paris, dépôt de bus Belliard
Sur le trottoir face au dépôt de bus de la rue Belliard (18e arrondissement), Faouzi est ému. Salarié de la RATP à la maintenance, il voit les gens arriver par groupes devant son lieu de travail, se masser devant l’entrée pour empêcher les véhicules de sortir. « Il y a même plus de monde que lors de la mobilisation contre la réforme des retraites, ça fait chaud au cœur », glisse-t-il. Son collègue Mohammed regrette surtout la relative faible mobilisation à la RATP.
« C’est qu’il y a beaucoup d’intérimaires, soupire-t-il, et ça va être pire avec la privatisation. Privatisation et Macron, tout est lié. »...