Affaire Depardieu : trois nouvelles plaintes à la veille de son procès
Le monde du cinéma et ses excès seront à nouveau scrutés à la loupe, lors du procès de Gérard Depardieu.
Deux femmes, techniciennes sur le tournage du film Les volets verts de Jean Becker, en 2021, accusent l’acteur français d’agressions sexuelles. Elles ne sont pas les seules à lui reprocher une attitude et des propos sexuellement chargés ; plusieurs autres femmes l’ont accusé – de viol, agression ou harcèlement sexuel ou de propos déplacés.
Dans le milieu, on s’émeut… sans être surpris. "Tout le monde savait", est une phrase qu’on répète à propos de "Gérard", ce qui n’empêche pas certains de jeter l’opprobre sur les victimes, qui auraient dû faire plus attention… quand ils ne disent pas qu’elles l’ont carrément cherché.
Dans cette affaire comme dans celles d’autres hommes célèbres, les femmes victimes sont soupçonnées de chasse à l’homme, aux sorcières, de cabale, voire d’essayer d’attirer la gloire et de vouloir mettre la main sur la fortune de celui qu’elles dénoncent.
Un violeur viole plusieurs fois
Mais ce que souligne Emmanuelle Piet, présidente du Collectif féministe contre le viol, c’est qu’il n’y a pas de violeur unique. Un violeur viole plusieurs fois : des victimes différentes, ou la même personne plusieurs fois.
Les femmes victimes sont donc ce que la journaliste et rédactrice en chef adjointe d’Arrêt sur images Alizée Vincent appelle des "sœurs de plainte". Des femmes liées par l’infortune d’avoir été victime du même agresseur. Cette sororité de malheur les aide à plusieurs niveaux : d’abord, à prendre conscience qu'elles sont victimes, à comprendre qu’elles n’ont pas imaginé, que leur mémoire ne leur fait pas défaut, qu’elles n’exagèrent pas. Ensuite, à appuyer leurs propos devant la police ou la justice.
Aujourd’hui encore, seules 0,6 % des personnes mises en cause pour des viols ou agressions sexuelles sont condamnées par la justice et 94 % des plaintes n’aboutissent pas, faute d’éléments.
Pour elles, avoir un ou plusieurs autres témoignages qui corroborent ce qu’elles racontent, c’est une chance supplémentaire d’être crues et entendues, de voir leur agresseur condamné.
Mais Alizée Vincent souligne que toutes les victimes ne sont pas égales devant la justice et la reconnaissance. Pour la journaliste, il reste plus facile de dénoncer des viols et agressions sexuelles quand on est issue d’un milieu privilégié – même s’il est désargenté.
Il est aussi plus facile de parler quand on est une femme : la position de "victime" est encore largement associée au féminin plus qu’au masculin, et l’homophobie fait le reste, clouant le bec à beaucoup de garçons et d’hommes victimes de viol.