Immigration : Laurent Wauquiez propose d’«enfermer les étrangers dangereux sous OQTF» à Saint-Pierre-et-Miquelon
L’idée fait déjà couler beaucoup d’encre. En campagne pour la présidence du parti Les Républicains (LR), Laurent Wauquiez joue son va-tout face à son rival et favori du scrutin interne, Bruno Retailleau. Comme pour concurrencer le ministre de l’Intérieur sur le terrain de l’immigration, un de ses sujets de prédilection, le chef de file des députés Droite Républicaine (DR) fait ce mardi soir une proposition choc dans une interview fleuve accordée au magazine JDNews . Face à des «individus menaçant notre sécurité», Laurent Wauquiez plaide pour un «changement radical».
Afin de résoudre la question des étrangers sous le coup d’une «OQTF» (Obligation de quitter le territoire français) - dont le taux d’exécution est excessivement faible - l’élu de Haute-Loire suggère que ces individus «dangereux» soient «enfermés dans un centre de rétention à Saint-Pierre-et-Miquelon», département français d’Outre-mer situé à 4300 km de l’Hémycicle, au nord-est du Canada. Les intéressés «auraient une seule alternative : soit partir à Saint-Pierre-et-Miquelon, soit rentrer chez eux.» «Vous refusez de retourner dans votre pays ? Très bien, vous prenez un aller simple pour Saint-Pierre-et-Miquelon, sans vol retour pour l’Europe. Depuis l’archipel, qui n’est pas dans l’espace Schengen, nous bloquerons tout retour dans l’Hexagone», développe Laurent Wauquiez. Suggérant que la mesure d’éloignement «s’accompagne d’un vrai allongement de la durée de rétention, comme nos parlementaires» italiens ou anglais «l’ont proposé».
«Il fait 5 degrés pendant l’année»
Avant de présenter les avantages d’une telle installation, qui accéléreraient selon lui les reconduites des étrangers visés par une OQTF dans leurs pays d’origine. «Il fait 5 degrés de moyenne pendant l’année, il y a 146 jours de pluie et de neige», argumente l’ancien patron de LR, qui «pense qu’assez rapidement, ça va amener tout le monde à réfléchir». De quoi s’attirer les foudres d’une partie de la classe politique.
Si Bruno Retailleau n’a pas encore réagi à la sortie polémique de son concurrent, le gouvernement désapprouve la proposition. Dans un communiqué au vitriol, Manuel Valls, ministre chargé des Outre-mer, juge qu’«aucun territoire français ne mérite d’être traité comme une zone de relégation.» «Saint-Pierre-et-Miquelon, c’est la France - pas une prison ou un centre de rétention (...) L’exil forcé, c’est une méthode de colon, pas d’élu de la République», cingle l’ancien premier ministre, qui ajoute : «Quand on méprise un territoire, on risque de mépriser la France tout entière». «Aucune campagne interne ne doit conduire un responsable politique à mépriser un territoire de la République», conclut-il.
Du côté du Rassemblement national (RN), qui réalise des percées électorales dans les départements et territoires ultramarins, l’idée de Laurent Wauquiez ne tient pas debout. «La place des OQTF, c’est dans leur pays... sûrement pas dans un territoire français. Les habitants de Saint-Pierre-et-Miquelon ne sont pas des sous-citoyens», a attaqué Marine Le Pen sur le réseau social X.