"C'est répondre à l'urgence, faire entendre qu'il y a besoin d'une action d'urgence de nos dirigeants pour protéger les journalistes palestiniens qui sont attaqués par l'armée israélienne dans la bande de Gaza", déclare lundi 1er septembre à France Culture Martin Roux, le responsable du bureau crises de Reporters Sans Frontières.
Lundi, RSF coordonne avec le mouvement citoyen mondial Avaaz ("voix" dans plusieurs langues) une mobilisation médiatique "d'envergure" pour mettre en lumière la mort de journalistes tués dans la bande de Gaza. Selon son décompte, en août 2025, 11 reporters ont été tués par l'armée israélienne dans l'enclave palestinienne. Depuis le début de la guerre, RSF a recensé au moins 210 journalistes tués dans la bande de Gaza.
"Ces journalistes palestiniens sont des travailleurs invisibles"
À l'occasion de cette journée de mobilisation, plus de 150 médias dans le monde, dont Mediapart, La Croix, L'Humanité, Blast (France), Al Jazeera (Qatar), The Independant (Royaume-Uni), RTVE (Espagne), L'Orient le Jour (Liban), La Libre (Belgique), Der Freitag (Allemagne) se mobilisent. Certains vont présenter en une ce message : "Au rythme où les journalistes sont tués à Gaza par l'armée israélienne, il n'y aura bientôt plus personne pour vous informer".
"Pour beaucoup dans le grand public, ces journalistes palestiniens sont des travailleurs invisibles", déclare à France Culture Martin Roux. Mais il rappelle aussitôt que "tous les grands médias ont recours au travail de collaborateurs et journalistes palestiniens dans la bande de Gaza". Il cite ainsi en exemple la frappe israélienne qui a, dans la nuit du 10 au 11 août, tué six reporters, dont des collaborateurs de l'agence Reuters et d'Associated Press.
"C'est aux gouvernements de faire pression sur les autorités israéliennes"
Le responsable du bureau crises de Reporters Sans Frontières pointe du doigt que "ce n'est pas seulement le ciblage qui fait que peut-être bientôt il n'y aura plus personne pour vous informer : c'est aussi le résultat des conditions de vie imposées à la population de Gaza dont pâtissent aussi les journalistes".
Martin Roux évoque des "sanctions ciblées qui sont possibles parce qu'Israël est un allié de l'UE, du Royaume-Uni et des États-Unis mais qui pour l'instant ne sont pas prises par nos dirigeants". RSF promet qu'il continuera "à faire pression pour qu'il y ait des actions concrètes pour protéger les journalistes palestiniens dans la bande de Gaza".
Le responsable de RSF affirme enfin que "c'est aux gouvernements du monde entier de répondre aux demandes d'évacuation de certains de ces journalistes qui le demandent et de faire pression sur les autorités israéliennes pour qu'il y ait un accès indépendant de la presse internationale dans l'enclave palestinienne".