REPORTAGE. Lutte contre le narcotrafic : Marseille veut s'inspirer de l'Île-de-France et de l'Italie pour sortir les mineurs des réseaux de trafiquants
Comment sortir les adolescents du narcotrafic ? Alors que les tueurs et les petites mains des points de deal sont de plus en plus jeunes, un colloque s'est tenu vendredi 20 juin à Marseille. Des magistrats, des éducateurs et des enquêteurs ont échangé sur les façons d’extirper les mineurs des réseaux de trafic de drogue. L'occasion de partager des solutions concrètes mises en place par la justice à Marseille, en région parisienne, mais aussi en Italie.
Les mineurs impliqués et exploités par les réseaux de trafic de drogue sont de plus en plus nombreux. Ils occupent une grande partie de l'activité du tribunal pour enfants de Marseille. "50% des affaires sont liées à l'infraction à la législation sur les stupéfiants", explique le procureur Nicolas Bessone.
Parmi ces adolescents jugés à Marseille pour trafic de stupéfiants, beaucoup sont des "jobbeurs", ils viennent d’ailleurs, en majorité, de région parisienne. Des jeunes de Nogent-sur-Marne sont par exemple envoyés sur des points de deal à Carpentras, dans le Vaucluse, car il existe des filières de recrutement entre les villes. "Il y a des liens directs entre certaines villes de l'Île-de-France et des villes comme Carpentras, Toulon, ou encore Marseille, détaille Hervé Duplenne, directeur de la protection judiciaire de la jeunesse en Île-de-France. On a des situations où les recruteurs viennent les chercher directement dans ces villes."
Des éducateurs pour protéger les adolescents
Pour sortir ces adolescents du narcotrafic à Marseille ou en périphérie, un protocole vient d'être signé avec les cours d'appel de région parisienne pour renvoyer ces jeunes vers la capitale. "Ce sont des éducateurs qui viennent de Paris pour chercher les jeunes qui sont pris en charge ici et pour les ramener chez eux, précise Hervé Duplenne. C'est pouvoir les reprendre au plus vite pour qu'ils soient jugés en Île-de-France et non pas ici, puisqu'on a vu des situations où le jeune, en revenant à Marseille pour se faire juger, était vraiment mis en danger."
Protéger ces adolescents, c’est aussi ce que fait la justice italienne. Roberto Di Bella est le président du tribunal pour enfants de Catane. En Sicile et en Calabre, il a mis en place un programme pour éloigner les enfants des familles mafieuses. "Prenons l'exemple d'un enfant qui a été témoin d’un meurtre mafieux, un enfant de dix ans que nous avons aidé, raconte-t-il. Il a été touché, il n'est pas mort."
"Après avoir été soigné à l'hôpital, la mafia le recherchait pour le tuer. Nous avons donc fait sortir cet enfant de Calabre et aidé sa mère à reconstruire sa vie ailleurs, avec son fils."
Roberto Di Bella, président du tribunal pour enfants de Cataneà franceinfo
Considérer les enfants et les adolescents qui baignent dans le trafic de stupéfiants comme des victimes de l'emprise mafieuse : l'approche est novatrice, et l'Italie est en avance sur le sujet.