Roland-Garros 2025 : Alexandre Müller et Jakub Mensik, deux gladiateurs dans l'arène du court 14

Une arène. Des gladiateurs. Un juge de paix largement acquis à la cause des Français. Sur le court 14, mardi 27 mai, les spectateurs sont collés serrés dans les tribunes du court, qui se trouve au bout du stade de Roland-Garros. A l’affiche : un séduisant Alexandre Müller, 39e à l’ATP et quatrième meilleur Français, dans l’ombre d’Arthur Fils, Ugo Humbert et Giovanni Mpetshi Perricard, opposé au numéro 19 mondial, Jakub Mensik, l’espoir du tennis tchèque, récent tombeur de Novak Djokovic en finale du Masters 1000 de Miami. Un premier titre majeur qui lui a permis d’entrer dans le top 20 à seulement 19 ans.

Et puis, il y a le public : des fans massés dans les travées du court 14 et même au-dessus des tribunes. "Il y a encore un peu de place, venez", encourage Ava et Emilie, installées dans une tribune de presse bondée. Peu d’accréditations autour du coup pour ces spectateurs, qui ont longtemps fait la queue pour pénétrer dans l’arène. "J’ai attendu presque deux heures moi aussi pour entrer, témoigne auprès de franceinfo : sport, Yves, observateur aguerri. Franchement, j’avais prévu de basculer sur le Central pour Djokovic mais l’affiche du jour, c’est sûr, c’est ici", assure-t-il.

 Un spectacle de gala sur et en dehors du court

Le déroulé du match va lui donner raison. Entre Müller et Mensik, c’est un véritable combat de guerriers, qui s’envoient des missiles sous les hourras de la foule. Côté tribunes aussi, le court 14 oscille entre finale de Ligue des champions et arène de MMA. Il harangue son poulain du jour qui tient la dragée haute à un Tchèque surpuissant, qui sait profiter à merveille des huées du public à son encontre pour s’en nourrir.

Jakub Mensik remporte le premier set mais bute sur un Müller de gala, qui sous les "Allez Alex, allez", crucifie le Tchèque dans le deuxième set. Le court 14 entre en fusion et croit en une victoire française. "Avec le public derrière lui, il va le faire Alex, je vous le dis", glisse Yves, qui s’est déjà fait déloger deux fois de la tribune de presse, mais continue à soutenir le Français depuis les travées. Il entonne lui aussi La Marseillaise qui s’élève.

Le 39e joueur mondial fait parler la poudre, breake Jakub Mensik et sert pour le set à 5-4. A ce moment, le court 14 épouse le souffle de son protégé. Peine perdue, une fine pluie s’invite, Jakub Mensik commence à protester, et même si l'arbitre reste inflexible devant ses demandes d’interruption du match, cela lui profite. Galvanisé par le tollé qu’il a provoqué, il grappille de précieux points, recolle et renverse le scénario de cette troisième manche.

Largement sifflé, Jakub Mensik se transforme en Intériste au milieu d’un kop parisien un soir de finale. Il provoque mais ne tremble plus. Le chaudron du court 14 se refroidit peu à peu et dans un dernier sursaut, accompagne Alexandre Müller dans ses derniers points et sa sortie de l’arène, tête basse mais sourire gonflé d’amour. "C'était fou de jouer devant un tel public", souffle le Franças face aux journalistes, quelques minutes après sa défaite. "Je vous avais dit que le spectacle, c’était sur ce court, on ne verra pas mieux aujourd’hui", conclut Yves, le pouce en l’air. Pour le gladiateur Alexandre Müller, le pouce s'est tourné vers le bas dès ce premier tour du Grand Chelem parisien.