À Lyon, une étude inédite sur les causes sociales et environnementales de la bronchiolite chez les bébés

La bronchiolite touche chaque hiver 480.000 enfants de moins de 2 ans en France, dont 35.000 nécessitent une hospitalisation. Syda Productions / stock.adobe.com

Une étude des Hospices civiles de Lyon en partenariat avec l’université de Princeton a confirmé les disparités géographiques des formes graves de bronchiolite du nourrisson et prouvé l’importance de quatre facteurs socio-environnementaux.

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Pourquoi les bébés de Bron et Vénissieux sont-ils plus vulnérables à des formes sévères de bronchiolite que ceux d’Écully ou Tassin ? Face aux disparités géographiques d’hospitalisation pour cette maladie chez les moins de deux ans, des chercheurs lyonnais ont mené une recherche vaste et inédite sur l’ensemble de l’agglomération. Cette étude «pionnière» réalisée en partenariat avec l’université américaine de Princeton révèle l’importance de quatre facteurs environnementaux et sociaux expliquant une fracture Est-Ouest claire.

«Pendant près de deux ans, des virologues, pédiatres, urbanistes, climatologues et épidémiologistes ont exploré les déterminants environnementaux et sociaux du risque d’hospitalisation pour bronchiolite à VRS chez le nourrisson au sein de la métropole de Lyon», précise le groupement hospitalier des Hospices civils de Lyon (HCL). Ils ont compilé huit années de données hospitalières, soit 3000 cas d’hospitalisation, dans 58 communes du Grand Lyon.

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Les scientifiques les ont ensuite croisées «avec des indicateurs socio-économiques, des données climatiques et de pollution». Quinze critères ont été analysés, parmi lesquels l’humidité, la température, la pollution de l’air, la densité urbaine, le surpeuplement des logements, la couverture végétale, ou le revenu médian. Quatre «ressortent plus nettement pour expliquer les différences d’incidence d’hospitalisation».

«Publiée le 14 octobre dans la revue internationale BMC Public Health, l’étude confirme (…) des inégalités territoriales marquées : les communes du sud-est de la métropole (Vénissieux, Bron, Feyzin, Saint-Fons) présentent un taux d’hospitalisation nettement supérieur à celui des quartiers du Nord-Ouest (Écully, Caluire, Tassin)», indiquent les HCL. Cette fracture territoriale définit Lyon au niveau socio-économique depuis des décennies.

Tabac, mode de garde et surpeuplement

D’ailleurs, le niveau socio-économique fait partie des quatre facteurs identifiés par l’étude. «Plus vous êtes défavorisé socio-économiquement, plus votre enfant a de risque d’être hospitalisé pour une bronchiolite, précise le Dr Jean-Sébastien Casalegno, le virologue lyonnais qui a dirigé l’étude. Plusieurs éléments peuvent l’expliquer, même si ce n’était pas l’objet de l’étude, comme une exposition plus forte à la fumée de tabac, un nombre de contacts plus importants des nourrissons en lien avec le mode de garde, ou encore l’accès des parents au système de santé». Dans la même logique «les foyers suroccupés (…) présentent un risque accru, en raison de contacts inter-enfants plus fréquents, favorisant la transmission».

D’un point de vue environnemental, les conditions climatiques ont aussi un impact sur l’aggravation de la bronchiolite. L’étude montre une corrélation entre la température de l’air et son humidité et les hospitalisations. La pollution atmosphérique enfin, et notamment le taux de particules fines, a un impact fort sur le risque d’hospitalisation. «Cette pollution atmosphérique, plus forte dans les centres-villes, les zones densément urbanisées ou industrialisées, accroît la sévérité des symptômes de la bronchiolite et le risque d’hospitalisation», soulignent les chercheurs.

La bronchiolite n’est donc «pas seulement une question d’agressivité du virus, mais aussi une conséquence de notre environnement immédiat», soulignent les HCL. «Ces résultats doivent servir concrètement, dans un enjeu de santé publique», demande le groupement hospitalier. Les chercheurs recommandent par exemple de rendre les nouveaux vaccins et anticorps (Beyfortus, Abrysvo) «particulièrement accessibles» aux populations présentées comme les plus à risque.

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La bronchiolite touche chaque hiver 480.000 enfants de moins de 2 ans en France, dont 35.000 nécessitent une hospitalisation. Avec une période d’épidémie entre la fin novembre et le début mars. Souvent bénigne, et très rarement mortelle, elle est en revanche très contagieuse.