JO - Canoë monoplace : Nicolas Gestin en or dans le sillage de Tony Estanguet

Camille Prigent en rêvait dimanche. Nicolas Gestin l’a fait lundi. Le Breton de 24 ans a décroché l’or olympique en canoë slalom lundi, à Vaires-sur-Marne (77), sous les yeux d’un Tony Estanguet, patron du comité d’organisation de Paris 2024 mais aussi et surtout légende de la discipline avec ses trois médailles d’or aux JO. Une discipline historiquement forte pour la France, mais qui restait sur un zéro pointé à Tokyo, en 2021. La fédération a changé son fusil d’épaule, avec une approche plus collective et une concentration des talents sur la base de Vaires, ainsi que le fait d’avoir sélectionné un certain nombre d’athlètes le plus tôt possible, en l’occurrence en octobre dernier. Pari gagnant, avec la réussite éclatante de ce détenteur d’une licence en géographie et urbanisme, qui poursuit d’ailleurs des études en master à l’École d’Urbanisme de Paris. Nicolas Gestin poursuivait surtout son rêve olympique. Il l’a atteint.

Déjà impressionnant en qualifications samedi, le Français a survolé la demi-finale avant de matraquer le reste de la concurrence en finale : plus de 5 secondes d’avance sur le Britannique Adam Burgess (argent) et le Slovaque Matej Benus (bronze) ! « Même dans un rêve, je n’ai jamais fait ça, les qualifs, les demies, la finale, je ne m’y attendais pas, je n’y croyais pas mais j’étais quand même sûr de mes forces, assez détendu. J’ai été malin et je me suis régalé sur l’eau », sourit le champion olympique, « un peu en transe » à l’arrivée. « Quand on a bossé comme ça pendant un an depuis la sélection et même depuis toujours en fait, c’est trop satisfaisant. Cette médaille, c’est celle de toute l’équipe », ajoute-t-il, lui qui évoluait à la maison. Et ça compte. « Je ne vais pas dire que ce n’est pas un avantage (sourire). J’avais à cœur de montrer que je suis dans mon jardin, c’est un bassin qui me correspond même si les dernières semaines ont été plus poussives. Il faut se mette en éveil sur un site très mouvant », analyse-t-il.

Une authentique démonstration de force pour le pensionnaire du club de Quimperlé, passé par Cesson-Sévigné avant de prendre ses quartiers à Vaires-sur-Marne, en 2019. « Si je peux faire rêver des jeunes comme ils m’ont fait rêver quand j’étais enfant, ce serait cool », souriait-il avant le début des Jeux olympiques de Paris, en faisant référence à Tony Estanguet (or olympique en 2000, 2004, 2012) et celui dont il a pris la place, Denis Gargaud Chanut (sacré en 2016).

C’est chose faite pour celui qui était devenu vice-champion du monde l’an dernier, à Lee Valley, dans le nord de Londres. Cette fois, c’est l’or. Aucune raison de contenir les sourires et la joie. Devoir est accompli et plus encore pour Nicolas Gestin. Et ce n’est peut-être pas fini pour l’ambitieuse équipe de France de canoë-kayak, avec l’entrée en lice, ce mardi, de Marjorie Delassus en canoë dames et du petit prodige de 19 ans Titouan Castryck en kayak messieurs, avant le kayak cross du 2 au 5 août pour Castryck, Boris Neveu, Angèle Hug et Camille Prigent.

« C’était énorme, dingue. On ne peut pas s’y préparer, savoure Gestin au sujet de l’ambiance qui régnait à la base de Vaires-sur-Marne. La première qualif, l’enjeu, le bruit, ce n’était même pas comme ça dans mes rêves les plus fous. C’était prenant, vibrant, stressant. Aujourd’hui (lundi), j’ai moins lutté avec ça et j’ai joué avec. Je voulais faire kiffer les gens qui étaient au bord, mes proches mais aussi les 10 000 Français dans les tribunes. Je les remercie. Ils m’ont fait vivre un moment qui restera grave pour toujours ». Gravé dans sa mémoire et le livre d’or du canoë français.