Si vous voulez une belle tranche de boulevard à l'ancienne, du vieillot indémodable délicieusement bien ficelé et joué avec l'excellence requise par Michel Fau et Catherine Frot, alors courez au Théâtre Marigny. Lorsque l'enfant paraît, d'André Roussin, dut être joué au début des années 1950. Elle en a rempli, des salles, depuis sa création.
L'histoire tient sur une tête d'épingle : après la Seconde Guerre mondiale, la vie bien comme il faut d'un sous-secrétaire d'État à la famille - Charles Jacquet (Michel Fau), qui a obtenu la fermeture des bordels et l'augmentation des peines sur les délits d'avortement - bascule quand il apprend le même jour, que sa femme, Olympe (Catherine Frot), attend un enfant et que son fils, Georges, a engrossé sa secrétaire. Cerise sur le gâteau, Annie, la fille aînée, pas encore mariée, se retrouve elle aussi bombée. Catherine Frot, qui ouvre la pièce, donne le la.
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Dans la robe de la bourgeoise affectée, compassée, elle est hautement, magnifiquement théâtrale. Michel Fau - qui en signe aussi la mise en scène soignée – brille dans le côté pompeux faux cul. Il faut ajouter à cette brillante distribution Maxime Lombard, dans le rôle du grand-père. Son monologue est un grand moment. Bref, ça fuse, ça caracole, c'est cynique et ça soulage. Satisfait ou remboursé !
«Lorsque l'enfant paraît», au Théâtre Marigny, (Paris 8e) jusqu’au 29 décembre.