Géorgie: nouvelle tentative pour destituer la présidente pro-européenne

Le parti au pouvoir en Géorgie entend poursuivre ses tentatives pour destituer la présidente pro-européenne de ce pays du Caucase Salomé Zourabichvili, a déclaré lundi un responsable, à trois semaines d'élections législatives cruciales. «La majorité parlementaire a décidé d'initier une nouvelle procédure de destitution» visant Mme Zourabichvili, a déclaré à la presse le président du Parlement géorgien, Chalva Papouachvili, membre du parti au pouvoir, Rêve Géorgien.

«Le mandat de Salomé Zourabichvili se termine cette année, son remplacement via une destitution ne réduirait ce mandat que d'un mois au maximum», a-t-il précisé. Selon lui, Mme Zourabichvili a récemment violé la loi en effectuant des visites à Bruxelles, en France et en Allemagne sans l'accord du Premier ministre. La présidente, qui dispose de pouvoirs limités, s'oppose au Rêve géorgien, qui a la majorité au Parlement et dirige le gouvernement. Mme Zourabichvili tente d'unifier les mouvements d'opposition pour remporter les législatives du 26 octobre.

Ce lundi, elle a annoncé des consultations à venir avec les forces d'opposition, malgré leurs divisions historiques, pour trouver un candidat commun au poste de Premier ministre. La situation politique est tendue dans ce pays du Caucase. Le parti conservateur du Rêve géorgien est accusé par ses opposants de s'enfoncer dans une dérive autoritaire prorusse et d'éloigner le pays de l'Union européenne.

«L’Europe ou le retour à un passé incertain russe»

L'année dernière, les députés du Rêve Géorgien avaient déjà essayé, sans recueillir le nombre de votes nécessaire au Parlement, de destituer Salomé Zourabichvili en l'accusant de mener des voyages à l'étranger sans l'autorisation du gouvernement. Mme Zourabichvili, âgée de 72 ans, estime que si le Rêve Géorgien remportait les législatives, le pays s'éloignerait de la démocratie.

«Nous avons un quasi-référendum sur le choix entre l'Europe ou le retour à un passé incertain russe», a-t-elle affirmé, la semaine dernière, dans un entretien à l'AFP, en se disant toutefois «assez optimiste» quant à la victoire de son camp. En juin, des partis d'opposition, sous l'impulsion de Mme Zourabichvili, ont rejoint une nouvelle plateforme politique pro-européenne qui appelle à des réformes en profondeur du système électoral, judiciaire, et des forces de l'ordre.

De récents sondages indiquent que quatre alliances d'opposition pourraient rassembler assez de voix pour former un gouvernement de coalition. À son arrivée au pouvoir, en 2012, le Rêve Géorgien du milliardaire Bidzina Ivanichvili avait initialement mené une politique libérale, pro-occidentale, avant de changer de cap pendant les deux dernières années et de défendre des positions de plus en plus opposées à l'Occident.