Guerre dans la bande de Gaza : ce que l’on sait de la situation à l’hôpital Kamal-Adwan, "hors service" après une frappe israélienne

Son fonctionnement était déjà affecté par des frappes israéliennes. L'hôpital Kamal-Adwan, le dernier à fonctionner dans le nord de la bande de Gaza, est désormais "hors service", a affirmé l'Organisation mondiale de la santé (OMS) sur X, vendredi 27 décembre. L'armée israélienne avait revendiqué, un peu plus tôt, le lancement d'une opération contre des combattants du Hamas près de cet hôpital, dans la ville de Beit Lahia. Les patients ont été évacués et le personnel médical, dont le directeur, sont détenus par les forces israéliennes, selon la Défense civile et le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas à Gaza. Franceinfo fait le point sur la situation sur place.

Des "services incendiés et détruits" selon l'OMS

"De premières informations font état de services clés incendiés et détruits pendant le raid", a rapporté l'OMS vendredi sur X. "Soixante membres du personnel soignant et 25 patients sont dans un état critique", ajoute l'organisation sous l'égide de l'ONU. Citant le directeur de l'hôpital, le ministère de la Santé du territoire palestinien, dirigé par le Hamas, a affirmé que l'armée israélienne avait "mis le feu à tous les services de chirurgie de l'hôpital".

Sur X, un porte-parole de l'armée israélienne a démenti la responsabilité des troupes israéliennes dans un feu. "Alors que les soldats de l'armée israélienne n'étaient pas présents à l'hôpital, un petit incendie s'est déclaré dans un bâtiment vide à l'intérieur de l'hôpital, mais il est sous contrôle", a déclaré Nadav Shoshani.

A ce stade, on ignore dans l'état précis des différents services de l'établissement. En novembre, l'Unicef soulignait que l'hôpital Kamal-Adwan était le dernier dans le nord de la bande de Gaza à disposer de couveuses pour nouveau-nés et d'une unité de soins intensifs néonatals.

Des patients évacués

Vendredi matin, l'hôpital abritait environ 350 personnes, dont 75 blessés et malades, ainsi que 180 membres du personnel médical, d'après le directeur de l'hôpital, Hossam Abou Safiya, cité par le gouvernement de Gaza. La veille, ce médecin avait déjà annoncé la mort de cinq membres du personnel dans une précédente frappe.

En amont de son opération militaire, l'armée israélienne avait déclaré que ses troupes avaient "facilité l'évacuation sécurisée des civils, des patients et du personnel médical". Mais selon le Hamas, "l'armée d'occupation a pris d'assaut l'hôpital Kamal-Adwan, forçant le personnel médical, les patients, blessés et personnes déplacées à évacuer".

Une infirmière de l'hôpital contactée par la BBC raconte que les soldats israéliens ont ordonné l'évacuation dès 7 heures, vendredi, laissant un quart d'heure au personnel et aux malades pour se rassembler dans la cour, avant d'évacuer eux-mêmes les derniers patients.

Des témoins dans le secteur ont indiqué à l'AFP que des centaines de personnes vivant à proximité avaient été "contraintes de se réfugier à l'école al-Fakhoura et à l'hôpital Indonésien" à Jabaliya, une commune proche de Beit Lahia. L'OMS affirme également que "les patients dans un état sérieux à grave ont été évacués de force vers l'hôpital Indonésien, détruit et non fonctionnel". L'organisation s'est dite "profondément préoccupée" par leur sécurité. Sur les réseaux sociaux, des vidéos semblent montrer des patients en train de quitter l'hôpital, marchant dans les décombres d'une rue tout en portant leur perfusion.

Le personnel médical et le directeur retenus pour être interrogés

Le gouvernement du Hamas à Gaza ainsi que la Défense civile affirment que le directeur de l'hôpital et plusieurs dizaines de membres du personnel ont été arrêtés par l'armée israélienne. Selon le ministère de la Santé, les personnels arrêtés ont été conduits à "un centre de détention, pour les interroger". Israël n'avait pas encore réagi, samedi matin, pour confirmer ou démentir cette information.

Le porte-parole de la Défense civile gazaouie, Mahmoud Bassal, a, lui aussi, dénoncé l'arrestation du directeur de l'hôpital et de "dizaines de membres du personnel médical et technique", ainsi que celle du directeur de la Défense civile dans le nord. Il accuse Israël d'avoir "complètement détruit l'ossature médicale, humanitaire et de secours dans le nord de Gaza".

Une opération contre des terroristes, selon Israël

Dans son communiqué de vendredi, l'armée israélienne a justifié cette opération par la présence de membres du Hamas, qualifiant l'hôpital Kamal-Adwan de "bastion des organisations terroristes (...) utilisé comme cachette par les terroristes".

Le mouvement palestinien a répondu vendredi par un communiqué, "démentant catégoriquement toute activité militaire ou présence de combattants de la résistance dans l'hôpital".