«Si le pouvoir algérien prend la responsabilité d’avoir le sang de Boualem Sansal sur les mains, ce sera une tâche éternelle», affirme Jean-Michel Blanquer
Cela fait désormais six mois que l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal est incarcéré en Algérie. Le comité de soutien fondé quelques mois après son emprisonnement le 16 novembre 2024 s’est réuni vendredi 16 mai 2025 devant l’ambassade d’Algérie à Paris pour réclamer sa libération immédiate.
Critique du régime au pouvoir en Algérie, Boualem Sansal a été condamné en mars à cinq ans de prison notamment pour atteinte à l’intégrité du territoire pour des propos tenus en octobre auprès du média français d’extrême droite «Frontières». Il avait déclaré que l’Algérie avait hérité sous la colonisation française de territoires appartenant jusque-là au Maroc.
«On a emprisonné un homme en raison de ses idées», a fustigé Jean-Michel Blanquer, ex-ministre de l’Éducation nationale (2017-2022) et membre du comité de soutien, dans l’émission «Points de Vue» (Le Figaro TV). «C’est une affaire qui se situe dans la ligne historique de Socrate au capitaine Dreyfus, en passant par tous ceux qui ont été emprisonnés, voir tués, pour leurs idées», a-t-il estimé.
Mobilisation au-delà de la France
«Si le pouvoir algérien prend la responsabilité d’avoir le sang de Boualem Sansal sur les mains, ce sera une tâche éternelle, historique», a poursuivi Jean-Michel Blanquer, affirmant que «d’autres pays que la France se mobilisent». L’ancien ministre a annoncé la mise en ligne prochaine d’une pétition franco-allemande et évoqué le prix attribué à l’écrivain franco-algérien lors du Salon du livre de Prague (prix Jiří Theiner, du nom d’un ancien journaliste tchèque persécuté sous le régime communiste).
Jean-Michel Blanquer a aussi dénoncé les mandats d’arrêt internationaux émis par Alger contre Kamel Daoud, écrivain franco-algérien lauréat du prix Goncourt 2024 pour son roman Houris portant sur la guerre civile algérienne. «C’est la première fois dans l’histoire de l’humanité qu’on a un mandat d’arrêt contre un écrivain à raison de ce qu’il a écrit, s’est indigné Jean-Michel Blanquer, c’est quelque chose de honteux, c’est de la persécution.»
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«Autoritarisme»
Pointant «l’autoritarisme» du régime algérien, l’ancien ministre a appelé le gouvernement à la «fermeté» et à se saisir des leviers d’actions tels que les «visas accordés aux Algériens et avantages que la nomenklatura algérienne a en France».
Devant l’ambassade de France était aussi présente Noëlle Lenoir, présidente du comité de soutien, qui a réclamé qu’une mission de santé et un avocat soient dépêchés sur place pour venir en aide à Boualem Sansal. L’ancienne ministre des Affaires européennes (2002-2004) a aussi demandé que l’écrivain soit déclaré citoyen d’honneur de la ville de Parise.