Devant les Nations unies, mardi 23 septembre à New York, le président américain, Donald Trump, a appelé les Européens à arrêter immédiatement d’acheter du pétrole russe en guise de sanction contre Moscou dans la guerre en Ukraine. Une déclaration qui n'est pas sans conséquences sur le prix du pétrole qui repart à la hausse. Il n’aura donc fallu que quelques mots du président américain pour influencer le prix du brut. Le Brent de mer du Nord (référence en Europe) a pris 2% à 68 dollars le baril. Idem pour le WTI (l’équivalent américain) à près de 63 dollars. Donald Trump est prêt à prendre de nouvelles sanctions contre la Russie, à condition que les Européens stoppent leurs achats de pétrole auprès de Moscou. Des revenus dont Vladimir Poutine se sert pour financer sa machine de guerre.
La demande de Donald Trump est adressée aux pays de l’Europe en général, aux pays de l’OTAN en particulier. Aujourd’hui, seuls trois pays de l’Alliance atlantique importent encore significativement du brut de Russie : la Turquie, la Hongrie et la Slovaquie. La Turquie est le troisième importateur mondial de pétrole russe après la Chine et l’Inde. Ankara raffine ce brut et le revend à l’Europe. Quant à la Hongrie et la Slovaquie, elles restent dépendantes du pétrole russe à près de 90%.
Le risque de tensions
Ces pays n’ont aucun intérêt à couper les vannes pour des raisons strictement nationales. Dans le cas de la Turquie, des solutions de remplacement existent, mais les coûts seraient beaucoup plus élevés et cela créerait des tensions, notamment avec l’Europe à qui le pays ne pourrait plus revendre ses produits raffinés… entraînant une perte de revenus. De leur côté, la Slovaquie et la Hongrie, qui bénéficient d’exemptions de Bruxelles, font pression. La Slovaquie, par exemple, menace de suspendre son aide financière et militaire à l’Ukraine si l’Europe lui impose de couper les vannes avec Moscou.
Ce que demande Donald Trump risque de créer des tensions géopolitiques au sein même de l’Europe. L’économiste spécialiste de l’énergie, Patrice Geoffron, y voit aussi et surtout de lourdes conséquences sur la politique et les coûts de diversification énergétique de ce côté-ci de l’Atlantique. Le directeur du Centre de Géopolitique de l’Energie et des Matières Premières (CGEMP) estime que le remplacement du pétrole russe impliquerait d’importants surcoûts. D’abord, les pays concernés devraient se tourner vers des fournisseurs plus éloignés (Arabie Saoudite, États-Unis, Canada, Brésil), entraînant des coûts de transport plus élevés. Quant à la Russie, elle devrait accélérer la construction de pipelines et de ports pour exporter vers les marchés asiatiques, avec des investissements substantiels. En clair, selon Patrice Geoffron : une sérieuse entrave à la politique de transition énergétique globale, le cadet des soucis de Donald Trump.