Parthénope, On ira, The Insider... Les films à voir et à éviter cette semaine

The Insider - À voir

Espionnage de Steven Soderbergh - 1 h 33

Il y a un traître. Cinq noms figurent sur la liste des suspects. Problème : sa femme en fait partie. George appartient aux services secrets britanniques. Le couple qu’il forme avec Kathryn - elle est aussi agent secret - tient la route depuis des années. L’avenir de la planète est en jeu. Elle risque d’exploser si des ennemis s’emparent du projet Severus. Pour compliquer l’intrigue, un ticket de cinéma a été oublié dans une poubelle. Kathryn part en voyage sans indiquer sa destination à son époux. Pas besoin : il la surveille et découvrira qu’elle va à Zurich.

Retors, sophistiqué, brillant, The Insider trompe son monde. Quel bonheur d’être ainsi baladé. On imagine une plongée dans l’univers du renseignement. Ça n’est pas ça du tout. Au fond, il s’agit d’une histoire d’amour. Il n’y a pas de mal à ça. É. N.

La note du Figaro  : 3/4

Parthenope - À voir

Drame de Paolo Sorrentino - 2 h 17

Parthenope, qui a un nom de sirène, est née dans la baie de Naples. C’est une princesse. Même ses rêves ont de la grandeur. Elle étudie l’anthropologie, fume cigarette sur cigarette, traîne tous les cœurs après elle. Quand elle bronze sur le balcon de son palais décati au bord de la Méditerranée, les rameurs lâchent leurs avirons. Les années glissent sur elle comme ces baisers qu’elle souffle sur la paume de sa main. Un demi-siècle, quand même. Cette célibataire endurcie se demande si elle n’a pas raté sa vie. Mais non, il suffit de se souvenir de tous ces admirateurs qui, depuis le rivage, l’observaient en train de pagayer sur son kayak.

Si la foudre peut frapper en plein soleil, alors Parthenope foudroie. Tout s’arrête pendant deux heures et quelques. Il n’y a plus que cette magie sur l’écran. Le film baigne dans un parfum d’amours mortes et de temps perdu. Il y règne une constante mélancolie, une parfaite harmonie entre le fond et la forme. Un film parfait. É. N.

La note du Figaro  : 4/4

On ira - À voir

Comédie dramatique de Enya Baroux - 1 h 37

Tout déraille dans la vie de Marie. Voilà cette charmante octogénaire (Hélène Vincent) coincée dans son monte-escalier alors qu’elle doit se rendre à une convocation médicale importante avec son fils, Bruno, qui n’est pas là. Auxiliaire de vie aux abois plutôt maladroit, Rudy (Pierre Lottin) la tire de ce mauvais pas. Désespérée par l’absence de son fils, Marie supplie Rudy de la conduire à son rendez-vous. La vieille dame, fine mouche, le fait passer pour son rejeton et lui fait signer les papiers d’un suicide assisté en Suisse. Le tour est joué.

La patte d’On ira, c’est son ton singulier, à l’équilibre entre le drame et l’humour badin. Il parvient à exister avec pudeur et sincérité au-dessus des contingences d’un sujet de société aussi grave que l’euthanasie. Ce n’est pas donné à n’importe quel cinéaste. O. D. 

La note du Figaro  : 3/4

Black Box Diaries - À voir

Documentaire de Shiori Ito - 1 h 42

Shiori Ito rêvait d’être journaliste. Le 3 avril 2015, elle sort dîner dans Tokyo avec Noriyuki Yamaguchi, ancien correspondant à Washington pour la chaîne de télévision TBS et biographe du premier ministre de l’époque Shinzo Abe. Quelques heures plus tard, après avoir perdu connaissance, elle se réveille dans une chambre de l’hôtel Miyako Sheraton, son hôte sur elle, en train de la violer. Black Box Diaries est l’« autodocumentaire » qui relate les années de combat de Shiori Ito pour reconstituer le fil des événements et obtenir réparation. Caméra à la main, micro en poche, elle consigne scrupuleusement en images ses rencontres avec les protagonistes de son drame.

Tourné par sa victime, Black Box Diaries aurait pu être un exercice embarrassant. Il est tout le contraire. Magistral, le film a déjà été distribué dans une soixantaine de pays avec succès. Il a même décroché une nomination aux Oscars, premier du Japon à être ainsi reconnu. R. A.

The Last Showgirl - À éviter

Drame de Gio Coppola - 1 h 29

Pamela Anderson est Shelly, danseuse de cabaret dans un casino de Las Vegas. Après trente ans à l’affiche, la revue s’arrête. L’heure du bilan, des doutes, du déclin, ou du rebond. Ciel bleu sans nuages le jour, néons la nuit. Sin City (« la ville du péché ») reste un mirage au milieu du désert. Rien de neuf sous le soleil. Rien de très palpitant non plus. Jamie Lee Curtis, copine et serveuse de casino qui ne boit pas que de l’eau, disparaît trop vite du tableau. La relation entre Shelly et sa fille Hannah, partie réussir sa vie loin de sa mère avant de revenir, est à peine traitée.

Il manque un vrai scénario à The Last Showgirl pour dépasser la simple curiosité. Pamela Anderson a déjà supporté beaucoup de choses dans son existence cabossée pour devoir en plus porter sur ses épaules un film de Gia Coppola. É. S.

La note du Figaro  : 1,5/4