Arnaud Mimran : de la fraude au sang, portrait d’un escroc charmeur, provocateur et tout-puissant

Arnaud Mimran est mis en examen depuis avril 2021 pour complicité d’assassinat, meurtres en bande organisée et tentative de meurtre. Charlotte Paroielle.
Réservé aux abonnés

Arnaud Mimran : de la fraude au sang, portrait d’un escroc charmeur, provocateur et tout-puissant

RÉCIT (2/2) - L’enfant bien né s’est très tôt acoquiné aux voyous rencontrés au gré de parties de poker et de soirées enflammées au casino. Les revenus colossaux engendrés par ses fraudes l’ont embarqué dans une « recherche hédonique frénétique ». Jusqu’à sa chute, aussi brutale que son ascension.

« En France, faut être débile pour avouer. Tu gagnes rien ! » raille Arnaud Mimran placé sur écoute dans sa cellule de la prison du Havre. Depuis sa condamnation dans la rocambolesque fraude aux quotas carbones qui a inspiré la série D’argent et de sang, l’ex-trader est soupçonné d’avoir commandité, avant son incarcération, une série de meurtres. Face aux accusations, un seul mot d’ordre : nier. Sa stratégie de défense repose, selon le réquisitoire définitif du parquet de Paris, « sur la proscription des aveux ». 

Au terme d’investigations massives, la section de lutte contre le crime organisé a toutefois acquis la certitude que l’enfant des beaux quartiers, acoquiné aux bandits et aux voyous, a orchestré, entre 2010 et 2014, les exécutions de son ancien associé Samy Souied, de son ex-beau-père le milliardaire Claude Dray, et la tentative d’homicide sur l’escroc Cyril Mouly. Pour ces trois « cold cases », l’accusation a requis mi-février son renvoi devant les assises. Ce nouveau procès qui se profile assombrit encore l’image de ce personnage insaisissable, ivre de pouvoir et sans limite.

Rien ne le prédestinait pourtant à basculer dans la criminalité. Mimran a évolué dans une famille aimante et aisée du 16e arrondissement de Paris. Le père, un Juif marocain qui a émigré en France au début des années 1960, a travaillé dur pour offrir un train de vie prospère aux siens en se hissant au sein de la direction d’un grand groupe. La mère, un temps secrétaire dans l’armée, a rapidement arrêté de travailler pour s’occuper de leurs enfants. « Des trois, c’est Arnaud (le cadet, NDLR) qui était le plus gentil, il obéissait au doigt et à l’œil », relate-t-elle dans le cadre des procédures judiciaires. Mais à l’adolescence, le discret garçon scolarisé au collège Janson-de-Sailly se révèle « casse-cou » et « rebelle », à l’affût d’interdits à braver.

« Lorsqu’il avait 16 ans, ses parents l’ont envoyé dans une colonie de vacances où il a appris à jouer aux cartes. Cette distraction est devenue une passion et, sans doute, une addiction », est-il remarqué dans le réquisitoire définitif auquel Le Figaro a eu accès. Dès ses 17 ans, il…

Cet article est réservé aux abonnés. Il vous reste 82% à découvrir.

Vous avez envie de lire la suite ?

Débloquez tous les articles immédiatement.

Déjà abonné ? Connectez-vous