« En France, faut être débile pour avouer. Tu gagnes rien ! » raille Arnaud Mimran placé sur écoute dans sa cellule de la prison du Havre. Depuis sa condamnation dans la rocambolesque fraude aux quotas carbones qui a inspiré la série D’argent et de sang, l’ex-trader est soupçonné d’avoir commandité, avant son incarcération, une série de meurtres. Face aux accusations, un seul mot d’ordre : nier. Sa stratégie de défense repose, selon le réquisitoire définitif du parquet de Paris, « sur la proscription des aveux ».
Au terme d’investigations massives, la section de lutte contre le crime organisé a toutefois acquis la certitude que l’enfant des beaux quartiers, acoquiné aux bandits et aux voyous, a orchestré, entre 2010 et 2014, les exécutions de son ancien associé Samy Souied, de son ex-beau-père le milliardaire Claude Dray, et la tentative d’homicide sur l’escroc Cyril Mouly. Pour ces trois « cold cases », l’accusation a requis mi-février son renvoi devant les assises. Ce nouveau procès qui se profile assombrit encore l’image de ce personnage insaisissable, ivre de pouvoir et sans limite.
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Rien ne le prédestinait pourtant à basculer dans la criminalité. Mimran a évolué dans une famille aimante et aisée du 16e arrondissement de Paris. Le père, un Juif marocain qui a émigré en France au début des années 1960, a travaillé dur pour offrir un train de vie prospère aux siens en se hissant au sein de la direction d’un grand groupe. La mère, un temps secrétaire dans l’armée, a rapidement arrêté de travailler pour s’occuper de leurs enfants. « Des trois, c’est Arnaud (le cadet, NDLR) qui était le plus gentil, il obéissait au doigt et à l’œil », relate-t-elle dans le cadre des procédures judiciaires. Mais à l’adolescence, le discret garçon scolarisé au collège Janson-de-Sailly se révèle « casse-cou » et « rebelle », à l’affût d’interdits à braver.
« Lorsqu’il avait 16 ans, ses parents l’ont envoyé dans une colonie de vacances où il a appris à jouer aux cartes. Cette distraction est devenue une passion et, sans doute, une addiction », est-il remarqué dans le réquisitoire définitif auquel Le Figaro a eu accès. Dès ses 17 ans, il…