La mesure surprend encore les automobilistes du quartier. Françoise, résidente depuis 15 ans à Saint-Michel, se retrouve bloquée devant une borne. «Je devais déposer mes courses mais je ne peux plus passer. Je n’ai pas le badge qu’il faut a priori. Je vais devoir demander ça a la mairie. Je vais me garer ailleurs», souffle-t-elle.
Depuis lundi, les quartiers Saint-Michel, Sainte-Croix et Victor Hugo ont vu l’installation de sept bornes d’entrées et quatre bornes de sortie. Le but étant de favoriser un meilleur partage de l’espace public, promouvoir les mobilités douces, rendre les rues plus sûres et améliorer la qualité de l’air. Ces zones sont donc librement accessibles aux piétons et cyclistes.
Les véhicules ont besoin d’une carte ou d’un droit d’accès. Les livreurs, eux, sont autorisés à passer de 6h à 11h. Mathieu est employé au bar Garfield sur la place Saint-Michel. «C’est un vrai bonheur. On voit beaucoup moins de voitures passer depuis lundi.» Ce trentenaire doit traverser la route pour aller servir les clients en terrasse. «C’est un confort de déplacement pour nous. Les conditions de travail sont beaucoup plus tranquilles. Il y a moins de passage, et aussi beaucoup moins de bruit. C’est beaucoup moins stressant.»
«J’ai peur que ça fasse mal aux petits commerçants»
Installé sur un banc au soleil, Marine, étudiante et habitante du quartier depuis 4 ans, apprécie. «C’est tellement agréable. Je fais tous mes déplacements à pied ou à vélo. Quand je me balade, je regarde moins à droite à gauche.» avoue-t-elle.
D’autres restent assez perplexes. «Je me demande si cela ne va pas impacter le commerce», s’interroge David Frécaut, gérant d’une fromagerie dans la rue des Faures. «J’ai énormément de clients qui viennent de Bègles ou d’Artigues par exemple. Ils viennent, ils chargent leurs voitures, et ils repartent. Là, ça n’est plus possible. J’ai peur que ça fasse mal aux petits commerçants. Je ne sais pas si c’était vraiment nécessaire de piétonniser ici. En plus, certaines bornes n’ont pas reconnu ma plaque d’immatriculation.» ajoute-t-il. Contactée, la Ville nous indique «étudier les demandes d’accès au cas par cas et les demandes de livraison. »
Le Port de la Lune compte désormais 253 hectares de surface piétonne. Depuis l’arrivée de l’écologiste Pierre Hurmic à la mairie de Bordeaux, la Ville s’était fixée pour objectif de passer de 172 à 259 hectares pour 2026. Objectif, donc, bientôt tenu.