«Pouvoir dissuader et se défendre» : en Turquie, l’Otan négocie une hausse de ses dépenses militaires

«Pouvoir dissuader et se défendre» : en Turquie, l’Otan négocie une hausse de ses dépenses militaires

Le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte, à Bruxelles en Belgique, le 9 mai 2025. Piroschka VAN DE WOUW / REUTERS

Les États-Unis exigent des 32 pays de l’Otan qu’ils consacrent au moins 5% de leur Produit intérieur brut (PIB) à leur défense, une hausse très substantielle que plusieurs pays jugent hors de portée.

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Les pays de l'Otan se retrouvent ces mercredi et jeudi en Turquie pour négocier une hausse de leurs dépenses militaires, dans l'espoir de convaincre Donald Trump, qui a menacé les «mauvais payeurs» de ne plus les protéger. Hasard du calendrier, cette réunion informelle des ministres des Affaires étrangères de l'Otan, prévue de longue date, aura lieu en même temps qu'une rencontre très attendue - mais qui reste à confirmer - jeudi entre la Russie et l'Ukraine à Istanbul.

Les États-Unis exigent des 32 pays de l'Otan qu'ils consacrent au moins 5% de leur Produit intérieur brut (PIB) à leur défense, une hausse très substantielle que plusieurs pays jugent hors de portée. Fin 2024, 22 pays de l'Otan ont atteint l'objectif de 2% de dépenses militaires, retenu en 2014 lors d'un précédent sommet de l'Alliance. Plusieurs pays, dont l'Italie, l'Espagne ou la Belgique, sont encore en-deçà de cet objectif, mais ont toutefois promis de l'atteindre cette année. «Il existe un large consensus sur le fait que nous devons tous intensifier considérablement nos efforts», a indiqué cette semaine un diplomate de l'Otan. Mais un seuil de 5% reste une marche très élevée pour de nombreux alliés européens.

Une hausse «pour dissuader et se défendre»

En guise de compromis possible, le secrétaire général de l'Otan Mark Rutte a présenté une offre en deux temps, qui maintient l'objectif des 5% de PIB, cher à Donald Trump, mais en y incluant des dépenses non strictement militaires. Cette idée a été bien accueillie mardi par l'ambassadeur américain auprès de l'Otan Matthew Whitaker.

La hausse des dépenses militaires, que les 32 pays de l'Alliance atlantique négocient avant leur sommet à La Haye les 24 et 25 juin, «va inclure tous les objectifs de capacité nécessaires aux alliés de l'Otan pour dissuader et se défendre, mais aussi des choses comme la mobilité, l'infrastructure, la cybersécurité», a-t-il assuré lors d'un point de presse. «Cela va bien au-delà des missiles, des chars et des obusiers», a-t-il ajouté.

De manière plus précise, le chef de l'Otan a suggéré de fixer à 3,5% le seuil de dépenses militaires stricto sensu à atteindre d'ici 2032. Mais à ce chiffre, il suggère d'ajouter un objectif de 1,5% du PIB, constitué cette fois de dépenses plus larges, comme les infrastructures, plus facilement atteignable, particulièrement pour des pays en retard comme l'Italie ou l'Espagne. Et cela d'autant plus que cela concerne pour l'essentiel des dépenses déjà prises en compte dans les budgets des États comme le contrôle aux frontières, la construction de routes ou de ponts, a expliqué un diplomate à Bruxelles.

Un compromis «faisable», qui servira «tous les Alliés»

Pour mieux convaincre Washington du sérieux des alliés européens, Mark Rutte a également suggéré qu'ils s'engagent à augmenter au minimum de 0,2% par an leurs dépenses strictement militaires. Cette hausse annuelle sera «très difficile à imposer», reconnaît un diplomate à l'Otan. Mais, ajoute-t-il, le compromis dessiné par Mark Rutte est «faisable et servira tous les Alliés».

C'est le «début de la conversation», a toutefois tempéré un autre diplomate de l'Otan, pour qui «tout est ouvert et encore très mouvant» avant le sommet de La Haye. «Un pour cent du PIB représente actuellement environ 45 milliards d'euros pour la République fédérale d'Allemagne», a rappelé son chancelier Friedrich Merz, vendredi à Bruxelles.