Un climat « homophobe et raciste » : les conclusions du rapport d’inspection sur le collège Stanislas auraient été falsifiées

Le collège Stanislas, un établissement scolaire privé – conservateur et huppé, dans lequel sont scolarisés les enfants de l’éphémère ministre de l’Éducation nationale Amélie Oudéa-Castéra – aurait fait l’objet en 2023 d’une enquête administrative de l’inspection générale de l’éducation nationale falsifiée. Des éléments liés au climat raciste et homophobe auraient été enlevés du rapport initial. De ce fait, la commission d’enquête parlementaire sur les violences dans les établissements scolaires va auditionner les inspecteurs de l’Éducation nationale, a annoncé lors d’un point presse à l’Assemblée la présidente de la commission et députée socialiste Fatiha Keloua Hachi.

« J’ai reçu en tant que présidente un courrier d’une inspectrice qui a inspecté le lycée Stanislas et dont le rapport a eu lieu au mois d’août 2023. Dans ce courrier, cette inspectrice nous apporte des éléments qui nous poussent à auditionner (…) les quatre inspecteurs », a-t-elle indiqué. Le député Paul Vannier (FI), l’un des deux rapporteurs de la commission, a précisé que cette audition aurait lieu le 21 mai.

Un climat « plutôt homophobe et raciste »

« Dans ce courrier, on a des éléments qui prouvent que le rapport a été plutôt édulcoré par rapport aux témoignages recueillis lors de cette inspection, et notamment autour (…) du climat plutôt homophobe et raciste de l’établissement », a ajouté Fatiha Keloua Hachi.

Le député Paul Vannier a estimé de son côté que le courrier de cette inspectrice, aujourd’hui à la retraite, était « une bombe » et révèle des « dysfonctionnements majeurs (…) de l’Inspection générale ». « Il y a manifestement une Inspection générale qui apparaît sous tutelle, donc la question est de savoir de qui, comment, pourquoi », a-t-il dit.

Ces déclarations font suite aux révélations du site d’information Mediapart qui avait dévoilé début 2024 un rapport de l’Inspection générale de l’Éducation (IGESR), daté de juillet 2023 et remis alors que Gabriel Attal était ministre, qui relevait « des dérives » dans cet établissement, notamment dans l’application de son contrat d’association avec l’État. En réaction, la mairie de Paris avait suspendu une subvention annuelle, depuis rétablie.

Des éléments « révoltants, absolument choquants »

Lors de l’audition début avril de l’actuelle directrice de l’Inspection générale Dominique Marchand devant la commission, le député Paul Vannier avait souligné que les procès-verbaux des entretiens menés lors de l’inspection générale à Stanislas avec des parents d’élèves et des élèves avaient fait état d’attitudes racistes et homophobes répétées, qui ne figuraient pas dans le rapport final. Face à ces faits, Dominique Marchand n’avait pas su expliquer pourquoi. Elle aurait, par la suite, écrit aux quatre inspecteurs qui avaient rédigé le rapport sur Stanislas, selon Paul Vannier.

L’une d’entre eux aurait ensuite répondu « longuement » et transmis cette lettre à la Commission d’enquête, a encore expliqué le député. Dans cette missive, l’inspectrice évoque des éléments « révoltants, absolument choquants », et « donne le sentiment de vouloir faire entendre un travail qui (…) n’a pas été transmis dans des conditions qui sont acceptables, qui sont conformes à la règle », argumente Paul Vannier.

De son côté, Dominique Marchand avait expliqué lors de son audition que les inspecteurs sont indépendants et que la directrice ou le directeur de l’IGESR ne sont pas habilités à modifier un rapport. De plus, la semaine précédente, Caroline Pascal, actuelle directrice de l’enseignement scolaire (Dgesco), numéro 2 du ministère, et directrice de l’IGESR à l’époque, avait affirmé que le rapport sur Stanislas ne présentait pas de signes d’homophobie « systémique ».

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