Il sera allé jusqu’au bout de son projet de lutte contre les narcotrafiquants. Avant le naufrage du gouvernement Bayrou, Gérald Darmanin vient d’adresser à Vanessa Perrée une lettre de mission pour mettre en place la préfiguration du parquet national spécialisé en matière de criminalité organisée dont elle a naturellement vocation à prendre la tête au 1 er janvier prochain.
Ce sera donc une femme qui dirigera l’un des plus importants et des plus sensibles parquets spécialisés de France. La criminalité organisée est un domaine que cette magistrate âgée d’une cinquantaine d’années connaît bien puisqu’elle est actuellement directrice de l’Agence de gestion et de recouvrement des avoirs saisis et confisqués (AGRASC). On sait en effet combien la lutte contre la criminalité organisée passe par l’investigation et la justice financières.
Passer la publicitéUne phase d’installation
Auparavant, au tout début des années 2020, elle avait dirigé la 3e division JIRS/JUNALCO (juridiction interrégionale spécialisée/juridiction nationale de la lutte contre la criminalité organisée) regroupant trois sections (grande criminalité organisée, financière et cybercriminalité), après avoir intégré le parquet de Paris au poste de procureure de la République adjointe.
Dans cette lettre de mission, il est demandé à la magistrate qui actuellement dirige «d’ouvrir une phase d’installation (...) afin de permettre au PNACO d’assumer ses missions sans délai». Une mission autant opérationnelle que politique qu’elle devrait d’autant mieux assumer que le monde politique ne lui est pas étranger puisqu’en juin 2022 elle était devenue conseillère et cheffe du pôle justice au cabinet de la première ministre Élisabeth Borne.
Désormais, selon les termes de la lettre de mission, il lui revient notamment «d’arbitrer avec la direction des services judiciaire et la direction des affaires criminelles et des grâces (DACG)» «la volumétrie des effectifs et leur répartition» et de déterminer «les modalités de transfert des dossiers de la JUNALCO qui relèveront du PNACO».
En termes d’effectifs, elle pourra puiser dans la réserve de 95 postes déjà fléchés vers la criminalité organisée et dont 45 ont été répartis entre les différentes JIRS ou infra-JIRS. Selon nos informations, la magistrate pourrait compter sur un premier volant de 15 magistrats directement affectés au PNACO et de six greffiers.
Par ailleurs, nerf de la guerre contre le narcotrafic tentaculaire, c’est aussi à la mise en place de moyens numériques dédiés qu’elle devra veiller et notamment à l’adaptation des applicatifs SIROCCO et CASSIOPEE à cette nouvelle entité juridique. La montée en charge progressive de ce nouveau parquet, voué à être dirigé dans quelques mois par une femme, devrait s’étendre sur une durée de trois ans.