Jean-Marie Le Pen est mort, mais l’héritage réactionnaire prospère

La disparition de Jean-Marie Le Pen, figure emblématique de l’extrême droite, ne marquera malheureusement pas la fin d’une ère. Les idées qu’il représentait sont loin de s’éteindre avec lui. Elles continuent de prospérer sous de nouvelles formes, portées par des médias réactionnaires. Ces médias possédés par de grandes fortunes sont l’un des principaux acteurs du backlash contre les droits des femmes. Avec un langage alarmiste, ils martèlent que le féminisme et plus largement les mouvements progressistes menaceraient la stabilité et l’identité nationale.

On se souvient de la diffusion de chiffres présentant l’avortement comme la première cause de mortalité dans le monde, en 2024 sur la chaîne CNews. Rien de surprenant lorsqu’on sait que la chaîne diffuse régulièrement de fausses informations. En 2022, on avait pu y entendre, s’agissant d’une prétendue lutte entre les anges et les démons : « C’est une réalité plus sournoise que tous les virus, plus dangereuse que toutes les épidémies, plus contagieuse, aussi, que toutes les infections. »

Ce phénomène est amplifié par l’émergence d’influenceurs extrémistes sur les réseaux sociaux, à l’image de Thaïs d’Escufon, ancienne porte-parole de Génération identitaire qui se décrit comme « influenceuse politique ». Le succès de ces canaux « d’informations » s’explique en partie par la défiance vis-à-vis des institutions traditionnelles. Selon un sondage Ipsos, 85 % de la population estiment que les élites politiques, économiques ou encore médiatiques ont des intérêts fondamentalement différents des leurs.

En se présentant souvent comme ouverts, respectant toutes les opinions, les médias réactionnaires cultivent une prétendue proximité. Pourtant, ils ne font qu’exploiter le sentiment d’abandon d’une grande partie des individus, lassée par des promesses politiques non tenues et une fracture sociale croissante.

Le mélange habile entre faits tronqués, indignation calculée et théories du complot crée un cocktail explosif, capable de convaincre. Rien de nouveau cependant dans cette méthode. Dans la première moitié du XXe siècle, la même rhétorique était déployée par des journaux comme l’Action française et Je suis partout. Leurs publications dénonçaient la prétendue décadence de la France en s’attaquant aux étrangers, aux juifs, et aux progressistes.

En conclusion, les vieilles idéologies sont toujours d’actualité, habilement déguisées sous les codes modernes des algorithmes et du langage numérique. À l’heure où, comme le souligne souvent l’ONU, aucun pays n’est sur la voie d’atteindre les objectifs en matière d’égalité, et que près d’un tiers d’entre eux stagne ou régresse, il est urgent de rétablir un espace journalistique où la vérité et la rigueur priment sur le sensationnalisme et la quête effrénée d’audience.

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