Vote de confiance : Laurent Wauquiez réclame une consultation des adhérents des Républicains et charge François Bayrou
Le pays peut bien être «bloqué», «impuissant» et enlisé dans le «déclin», ce ne sont là guère des raisons pour renoncer à sa traditionnelle rentrée politique. Après un «vrai break» estival, dixit l’un de ses amis, Laurent Wauquiez a retrouvé ses soutiens au pied du mont Mézenc (Haute-Loire). «Pendant toute la semaine, il a plu. Demain, il pleut. Aujourd’hui, le temps est magnifique. Il fait beau sur le Mézenc et c’est malgré tout de bon augure !», a lancé le patron des députés Les Républicains (LR), en grande forme.
Naturellement, sa déclaration a des accents tout particuliers cette année, à une semaine du vote de confiance auquel s’est soumis François Bayrou dont les jours sont comptés. LR, qui compte plusieurs ministres au gouvernement (dont le président du parti, Bruno Retailleau) se voit bien obligé de refuser la chute du premier ministre. Mais qu’on ne s’y trompe pas, prévient Laurent Wauquiez : «Je n’ai aucun regret sur notre participation au gouvernement de Michel Barnier. Je dis bien au gouvernement de Michel Barnier. Car François Bayrou n’est pas Michel Barnier. On n’oublie pas qui il est.»
Passer la publicité«Notre soutien ne sera pas automatique»
Le centriste ne doit s’attendre ici à aucune mansuétude. «Nous avons apporté notre soutien dans le cadre de son gouvernement en étant clairs : notre soutien ne sera pas automatique, il sera exigeant, texte par texte, et guidé par une seule chose, apporter un minimum de stabilité au pays sans renier nos convictions.» Ainsi Laurent Wauquiez a-t-il réclamé que les adhérents du parti soient consultés sur le choix des députés LR le 8 septembre prochain. «Bruno et moi avons fait campagne en expliquant qu’il faut leur redonner la parole dans les moments importants. Nous y sommes. On ne peut pas faire campagne sur quelque chose et ne pas l’appliquer.»
Critique à peine voilée à l’encontre du ministre de l’Intérieur qui, très tôt, a déclaré dans un communiqué : «Voter pour la chute du gouvernement, ce serait voter contre les intérêts de la France.» Du côté du parti, l’on relève ces derniers jours que l’unanimité du vote «pour» du groupe LR était loin d’être certain. «Un tiers pourrait s’abstenir», glisse un poids lourd du côté droit du Parlement.
Ce samedi 30 août, son ex-concurrent à la présidence du parti rétorque : «Il ne faut pas craindre l’opinion des adhérents, je demande une consultation numérique lors des 6 et 7 septembre» - soit la date du Congrès des Républicains. «Nous avons assumé d’être au gouvernement pour arrêter l’extrême-gauche mais LR ne peut pas renoncer à défendre ses idées et ses convictions, il ne peut pas devenir un parti de godillots, il ne doit pas signer un chèque en blanc à François Bayrou.» Le ton est donné. «Sinon, nous allons perdre notre âme.»
«Ce ne sont pas les boomers qui ont mis les 35 heures !»
Après avoir chargé François Bayrou, c’est à ses mesures budgétaires «qui ne vont pas» que Laurent Wauquiez s’en est pris. «On a parfaitement compris qu’encore une fois, les mêmes allaient payer, que les efforts seraient demandés à la France qui travaille.» Relevant la volonté du locataire de Matignon de supprimer deux jours fériés, le patron des députés LR fustige une «erreur symbolique». «Voilà ce que je vais dire au premier ministre : plutôt que de faire sauter les 2 jours fériés, qu’on s’attaque aux 365 jours fériés par an de ceux qui ne font rien dans notre pays !».
Et alors que François Bayrou a mis en cause le «confort des boomers», Laurent Wauquiez rétorque : «C’est une erreur d’ouvrir une fracture entre générations. C’est tellement facile de faire d’une génération un bouc émissaire. Que je sache, ce ne sont pas les boomers qui ont mis les 35 heures et le RSA ! Qui a pris ces décisions ? Une gauche qui a emmené le pays dans l’ornière et une classe politique de droite qui n’a pas eu le courage de revenir sur ces sujets. On n’élève pas une génération dans la haine de l’autre.»