Avec la nomination de Casey Means, la désinformation médicale gagne encore du terrain aux États-Unis

Le secteur de la santé américain s'inquiète déjà de la nomination de Robert Kennedy Jr au poste de ministre de la Santé aux États-Unis. À présent, il peut aussi s'inquiéter de l'arrivée prochaine de Casey Means au poste de médecin-chef du pays, un poste clé dans le domaine puisqu'elle sera chargée d'orienter la politique médicale du pays et que son rôle sera de garantir que les Américains reçoivent des soins de qualité. Sauf que Casey Means véhicule parfois de fausses informations. 

Casey Means est une influenceuse, chantre de la médecine dite fonctionnelle, holistique. Une médecine alternative, non-reconnue par les scientifiques, tantôt qualifiée par certains de "pseudoscience", tantôt de "charlatanisme".

Médecin-chef alors qu'elle n'a jamais été diplômée

Avant de faire ça, elle a commencé des études de médecine conventionnelle à l'université, mais elle n'a pas terminé son internat et n'a pas obtenu de licence pour exercer. Elle a arrêté la médecine conventionnelle car elle ne supportait pas, dit-elle, de ne soigner que les symptômes et non les causes des maladies.

Quand elle parle, elle n'a pas l'air de dire des choses fausses. Elle dit que les Américains gagneraient à manger mieux, davantage de fruits et légumes, moins de sucre et de produits transformés. Tout le monde est à peu près d'accord. Mais les fausses informations se cachent dans les détails.

Casey Means, autrice avec son frère, proche conseiller de Robert Kennedy Jr, du livre Good Energy, assure que la mauvaise alimentation est la cause, seule et unique, de toutes les maladies chroniques, aussi bien de l'obésité, du diabète que d'Alzheimer, de la dépression, de l'infertilité ou des problèmes d'érection, que la mauvaise alimentation empêche le corps de créer une "bonne énergie". Une vision trop simpliste qui laisse de côté toutes les autres causes, comme la génétique ou l'environnement, et qui laisse surtout penser que l'origine de ces maladies serait facilement connaissable.

Forte méfiance et désinformation sur le système médical américain

Elle ne verse pas dans l'anti-vaccination radicale du ministre de la Santé américain, mais elle se questionne tout de même sur les effets des vaccins contre le Covid-19. Elle assure également que les erreurs médicales sont la troisième cause de mortalité aux États-Unis, ce qui est faux. C'est une fausse information qui circule depuis l'année 2000 dans le pays. Elle résulte d'une extrapolation des données disponibles dans une poignée d'hôpitaux, mais élargies à l'ensemble du système de santé américain, explique l'université canadienne McGill. La seule conséquence de cette extrapolation est qu'elle jette le discrédit et suscite de la méfiance envers la médecine conventionnelle qui, en effet, peut commettre des erreurs. D'autant qu'en comparaison, les effets négatifs des médecines alternatives sont peu suivis puisque peu déclarés.

Surtout, Casey Means et son frère soupçonnent les laboratoires pharmaceutiques et l'agroalimentaire de rendre volontairement les Américains malades pour leur vendre des médicaments. Une théorie du complot assez classique qui, là aussi, jette le discrédit sur tout un système. Un argumentaire redoutable, qui s'appuie sur une méfiance préexistante envers ces organisations. L'influenceuse dénonce leurs conflits d'intérêts, sans pour autant jamais dénoncer les siens, elle qui vend des thés, des crèmes et des compléments alimentaires, pour aider le corps à produire une meilleure énergie.