Une membre du parti travailliste demande le retrait de la statue du général Robert Clive à Londres

La statue de Robert Clive est installée depuis 1916 devant le ministère des Affaires étrangères à Londres. DANIEL LEAL / AFP

Baroness Debbonaire, ancienne secrétaire d’État à la Culture, aux Médias et aux Sports, estime que la sculpture fait du colon le « symbole d’une cause universellement bonne ». Le bureau du Premier ministre a refusé cette réclamation.

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Le bureau du Premier ministre britannique Keir Starmer a refusé ce lundi une demande bien particulière de Baroness Debbonaire, membre du parti travailliste et secrétaire d’État à la Culture, aux Médias et aux Sports entre 2023 et 2024. Cette dernière réclamait le retrait de la statue du général Robert Clive installée depuis le début du XXe siècle devant le ministère des Affaires étrangères à Londres, lui reprochant d’être « inexacte » d’un point de vue historique et « inutile » dans le cadre des relations entre le Royaume-Uni et l’Inde.

« Je ne suis pas sûr qu’une statue de Robert Clive ait vraiment sa place à l’extérieur du ministère des Affaires étrangères, a-t-elle déclaré lors du Festival international du livre à Édimbourg, dans des propos relayés par The Telegraph . Je passe devant et la frise montre des gens heureux, souriants, vraiment ravis de le voir. Il est profondément néfaste de considérer l’Inde comme un pays que la Grande-Bretagne a civilisé. »

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Le général Robert Clive, aussi surnommé Clive Le Grand outre-Manche, a mené la Compagnie des Indes orientales lors de la bataille de Plassey en 1957, considérée à ce jour comme le point de départ de la domination britannique en Inde. Il y a défait les troupes de Sirad Al-Dawla, alors divan du Bengale, avant d’amasser une grande fortune dans cette région. Le militaire aurait été responsable d’une grande famine au Bengale ayant causé la mort d’une dizaine de millions de personnes.

« Sociopathe instable »

D’après les récits historiques, Robert Clive se serait donné la mort à l’âge de 49 ans. Une statue en son hommage a alors été édifiée par John Tweed en 1912, puis déplacée devant le ministère des Affaires étrangères quatre années plus tard. Sur l’un des côtés du socle de la sculpture apparaît une fresque où l’empereur moghol accorde à Robert Clive le droit de percevoir les revenus de la Compagnie des Indes orientales en 1965. « Cette statue continue de le promouvoir dans une posture victorieuse et comme symbole d’une cause universellement bonne », déplore alors Baroness Debbonaire.

Avant la domination coloniale, l’Inde était un pays très développé

Baroness Debbonaire, membre du parti travailliste

La travailliste reproche à cette sculpture de ne pas « contextualiser ou même dire honnêtement ce qu’a réellement apporté la présence de Robert Clive en Inde ». « Avant la domination coloniale, l’Inde était un pays très développé, poursuit-elle. Elle participait au libre-échange, commerçait avec ses voisins. La Compagnie des Indes orientales et les autres forces colonisatrices ont réussi à anéantir tout cela. » Elle remarque également que « depuis son indépendance, l’Inde s’est développée sur le plan économique, scientifique, technique, informatique et artistique ».

Au Royaume-Uni, le général Robert Clive reste une personnalité historique très controversée. Dans ses écrits, l’historien William Dalrymple, célèbre pour ses travaux sur l’Inde, le Pakistan, le Moyen-Orient, le monde musulman et les premiers chrétiens d’Orient, l’a déjà qualifié de « sociopathe instable ». En 2021, en plein mouvement contestataire Black Lives Matter, le nom du militaire a été retiré de son ancienne école. De son côté, Downing Street, quartiers du Premier ministre britannique, a déclaré que le retrait de la statue « ne servirait à rien ».