Municipales 2026 : à Nantes, la droite et le centre s’allient pour récupérer la ville dirigée par la gauche depuis 1989

À l’instar de leurs homologues bordelais, les élus nantais de la droite et du centre veulent s’unir en vue des municipales de 2026. «Nous avons décidé de nous rassembler pour que Nantes change de cap !», indiquent Laurence Garnier, présidente de Mieux Vivre à Nantes, et Valérie Oppelt, présidente des élus Démocrates et Progressistes dans un manifeste publié ce lundi. La sénatrice LR et l’ancienne députée LREM, toutes deux conseillères municipales d’opposition, veulent prendre le contre-pied face à «la décroissance, le laxisme sécuritaire, le gaspillage de l’argent public et la ZADification de notre ville»

Depuis quelques mois, les deux forces politiques, parties séparément en 2020, se rejoignent sur de plus en plus de sujets. Leur rapprochement provient notamment de l’évolution politique de Johanna Rolland, édile PS alliée aux écologistes : «Une maire de Nantes plutôt de gauche modérée dans un précédent mandat, qui est en train de se précipiter dans les mains de l’extrême gauche », résume Laurence Garnier auprès du Figaro. Sa nouvelle alliée utilise d’ailleurs les mêmes termes, parlant d’«une extrême gauche qui commence à être puissante localement»

Pas encore de tête de liste

En dépit de ce point commun, ce rassemblement qui s’étend de la droite républicaine au centre gauche réunit des élus aux convictions parfois bien différentes, notamment sur des sujets de société tels que la PMA ou l’IVG. «On n’est pas d’accord sur tous les sujets à échelle nationale, mais on parle bien d’une vision commune pour les Nantais», veut rassurer Valérie Oppelt, estimant qu’il est possible de passer au-dessus localement. «Rien n’est complètement scellé à ce stade», poursuit-elle, sous-entendant que l’heure n’est pas à la désignation d’une tête de liste. 

Laurence Garnier, qui s’était présentée en 2020, n’a pas fait d’annonce en ce sens. En coulisses, c’est plutôt le nom de Julien Bainvel, conseiller municipal d’opposition, ex-LR depuis l’affaire Ciotti, qui circule. «Il faut y aller étape par étape», expose l’intéressé au Figaro. Sans nier les rumeurs le concernant, il n’a rien à annoncer. Maintenant que l’appel au rassemblement est lancé, «on va continuer avec l’idée de pouvoir annoncer qui sera le leader, mais pour l’instant, ça n’est pas le calendrier»

Réunion lundi soir

Le nom de Sarah El Haïry, conseillère municipale MoDem, ex-ministre à l’Enfance, qui n’a jamais caché ses ambitions, est moins d’actualité. L’un de ses proches assure que ses ambitions seraient toujours intactes mais ses priorités ailleurs. À l’inverse, d’autres soulignent que depuis son revers électoral aux législatives de 2024, son absence se fait sentir. 

Preuve en est, selon un observateur, alors que tous les protagonistes de la droite et du centre devaient justement être reçus ce lundi soir par Christelle Morançais (Horizons), présidente de la région Pays de la Loire, pour parler municipales, l’ancienne secrétaire d’État avait prévu d’y participer... en visio. Ce rendez-vous reste pourtant significatif. Tous y sont conviés, notamment... Foulques Chombart de Lauwe, conseiller municipal d’opposition dont les relations avec son groupe Mieux Vivre à Nantes se sont détériorées. Depuis qu’il s’est déclaré candidat en octobre 2023, bon nombre de ses anciens collègues lui reprochent d’être parti en solo. Il n’a ainsi pas été invité à signer la tribune. «S’il souhaite participer à ce rassemblement, c’est à lui de nous l’exprimer», explique Valérie Oppelt, l’une des deux signataires.

«Union incomplète»

«Les signataires de cette tribune (que je découvre) ont provoqué de longue date une réunion ce (lundi) soir. Je ne ferai pas de commentaire avant qu’elle se soit tenue. C’est ma conception du dialogue», fait savoir Foulques Chombart de Lauwe, d’ordinaire plus bavard. «Et oui, pour gagner il faudra être unis. Je l’ai toujours dit», termine l’élu de droite qui plaide pour que le candidat le plus reconnu soit investi. Depuis plus d’un an, il travaille d’arrache-pied à faire connaître son programme, enchaînant les marchés, soutiens aux habitants des quartiers minés par le trafic de drogue, ou encore plus récemment en perturbant les vœux de Johanna Rolland. 

«Quand on parle d’union et de rassemblement, il doit être complet. Je ne comprends donc pas pourquoi elles ont proposé une union incomplète», interroge Guillaume Richard, conseiller municipal de droite, à propos de la tribune. Lui souhaite faire appliquer localement la méthode d’Édouard Philippe avec son microparti Nao. «Horizons est en attente d’une proposition beaucoup plus large. On se joindra à cette union quand elle sera complète», fait-il savoir, tout en saluant le principe d’union, qui ne demande qu’à être élargie. 

«Il ne faut pas que les egos prennent le pas sur ce travail collectif qu’on est en train de bâtir», avertit Laurence Garnier, la chef de file de la droite nantaise, face à ces deux autres blocs tentant de faire bouger différemment les lignes d’une droite qui a perdu la ville de Nantes il y a 36 ans, sans parvenir à la reconquérir depuis.