Série d'attaques meurtrières en Ukraine, l'hôpital pour enfants de Kiev touché

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La Russie a mené lundi 8 juillet des attaques contre Kiev et d'autres villes d'Ukraine, faisant au moins 31 morts selon le bilan de l'AFP et touchant le principal hôpital pour enfants de la capitale, ont déclaré des responsables ukrainiens.

"Les terroristes russes ont de nouveau attaqué lourdement l'Ukraine avec des missiles. Différentes villes : Kiev, Dnipro, Kryvyï Rig, Sloviansk, Kramatorsk. Plus de 40 missiles de différents types. Des immeubles d'habitation, des infrastructures et un hôpital pour enfants ont été endommagés", a écrit Volodymyr Zelensky sur Telegram. Le président a plus tard demandé la convocation d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU.

Selon les services de sécurité ukrainiens (SBU), l'hôpital pour enfants Okhmatdyt de Kiev a été touché par un missile de croisière russe. Toujours selon cette source, au moins deux soignants ont été tués et sept personnes blessées, dont deux enfants.

"Des preuves pertinentes ont déjà été trouvées sur les lieux de la tragédie, en particulier des fragments de la partie arrière d'un missile X-101 avec un numéro de série et une partie du gouvernail du même missile", a affirmé le SBU dans un communiqué. Plus tôt, l'armée russe avait nié sa responsabilité, assurant que l'hôpital avait été touché par des débris de missiles antiaériens ukrainiens, sans présenter de preuves étayant ces affirmations.

À l'extérieur de l'hôpital, une chaîne humaine de plusieurs centaines de personnes s'est mise en place spontanément pour aider les secours à déblayer les décombres, à la recherche d'éventuels survivants. Habitants du quartier, ambulanciers, militaires et médecins, se sont mobilisés après cette attaque qui a fait au moins deux morts sur le territoire de l'hôpital Okhmatdyt, l'un des plus grands d'Europe.

"Actes barbares"

"Ces actes barbares visant directement et volontairement un hôpital pour enfants sont à ajouter à la liste des crimes de guerre dont la Russie devra rendre compte", a réagi le ministère français des Affaires étrangères dans un communiqué. Ces frappes viennent "tragiquement nous rappeler les raisons pour lesquelles notre soutien à l'Ukraine doit se poursuivre et s'amplifier".

"La frappe russe sur l'hôpital pour enfants Okhmatdyt de Kiev est une attaque épouvantable contre les civils ukrainiens", a pour sa part dénoncé sur X le nouveau chef de la diplomatie britannique, David Lammy. "Le soutien du Royaume-Uni à l'Ukraine est indéfectible", a-t-il ajouté, "nous devons demander des comptes aux responsables de la guerre illégale de Poutine".

La coordinatrice humanitaire de l'ONU pour l'Ukraine, Denise Brown, a "fermement condamné" les attaques qui ont "fait des dizaines de morts et de blessés", selon un communiqué. "Il est insensé que des enfants soient tués et blessés dans cette guerre", a-t-elle dénoncé au sujet de l'hôpital pour enfants de Kiev.

De son côté, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a accusé la Russie de "cibler sans pitié les civils ukrainiens" après des frappes massives qui ont fait des dizaines de morts et de blessés lundi, notamment sur un hôpital pour enfants.

"L'Ukraine a besoin d'une défense aérienne dès maintenant. Tous les responsables des crimes de guerre russes devront rendre des comptes", a-t-il déclaré sur le réseau social X.

À Kryvyï Rig, dans le centre du pays, le maire a annoncé qu'au moins 10 personnes avaient été tuées et 41 blessées dans des frappes qui ont notamment atteint une usine. À Kiev, le parquet a dénombré 17 morts.

"Un des plus importants hôpitaux pour enfants d'Europe" a été endommagé dans la capitale, "il y a des gens sous les décombres et le nombre exact des victimes est pour l'heure inconnu", a fustigé Volodymyr Zelensky sur X, diffusant une vidéo du bâtiment endommagé.

"La Russie ne peut soutenir qu'elle ignore où tombent ses missiles et doit être tenue pour pleinement responsable", a-t-il ajouté, laissant entendre que le bâtiment avait été directement atteint par le missile russe et non par des débris d'un missile russe qui aurait été détruit dans les airs ou encore par un missile antiaérien ukrainien qui serait retombé.

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Des soignants portent secours à des habitants de Kiev blessés après une attaque de missile, le 8 juillet 2024.
Des soignants portent secours à des habitants de Kiev blessés après une attaque de missile, le 8 juillet 2024. © Anatolii Stepanov, AFP

Sur place, une journaliste de l'AFP a constaté que la route conduisant à l'hôpital était partiellement barrée par la police. Des patients et des infirmières s'étaient regroupés dans le parc de l'hôpital, à côté du bâtiment détruit.

"Il est très important que le monde ne reste pas silencieux et que chacun voie ce que fait la Russie", a lancé Volodymyr Zelensky, à la veille d'un important sommet de l'Otan à Washington et à quelques heures de l'arrivée du Premier ministre indien Narendra Modi à Moscou.

Près de la ligne de front, dans la région orientale de Donetsk, les autorités ukrainiennes ont annoncé qu'"au moins trois personnes" avaient péri à Pokrovsk, après les frappes matinales, qui ont, là aussi, touché une usine, selon le gouverneur régional, Vadym Filachkine.

À Dnipro, les autorités militaires ont dénombré un mort et six blessés.

Un bâtiment de l'hôpital pour enfants de Kiev détruit par une frappe de missile, le 8 juillet 2024.
Un bâtiment de l'hôpital pour enfants de Kiev détruit par une frappe de missile, le 8 juillet 2024. © Roman Pilipey, AFP

Le Premier ministre Denys Shmygal a précisé que les Russes avaient tiré des "missiles de croisière et des missiles balistiques, aussi bien que des Kinjal", des missiles air-sol.

L'armée russe frappe régulièrement loin à l'intérieur du territoire ukrainien, ciblant notamment des infrastructures comme des installations énergétiques et des usines et tuant des civils dans une stratégie qui vise à saper le moral des Ukrainiens.

L'Ukraine ne dispose que d'un nombre limité de systèmes de défense antiaérienne et de munitions et en réclame plus à ses alliés occidentaux.

L'opérateur énergétique privé DTEK a de son côté fait savoir sur Telegram que trois de ses sous-stations de transformateurs avaient été détruites ou endommagées à Kiev.

Volodymyr Zelensky demande une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU

Ces frappes surviennent à un moment où, sur la ligne de front orientale, l'armée russe grignote du terrain depuis des mois et tente de profiter des difficultés de l'armée ukrainienne à regarnir ses rangs et à obtenir davantage d'armes et de munitions de la part des Occidentaux.

Ces attaques ont aussi lieu à la veille de la réunion de l'Otan aux États-Unis, où il sera largement question du soutien fourni par cette alliance à Kiev, mais aussi des incertitudes que font peser dessus les élections américaines à venir et l'éventuelle victoire de Donald Trump.

Ce dernier a dit à plusieurs reprises qu'il mettrait un terme à la guerre dans des délais très courts, ce qui se ferait au détriment des Ukrainiens, qui résistent à l'invasion russe depuis bientôt deux ans et demi.

Volodymyr Zelensky est arrivé lundi en Pologne, avant de se rendre à ce sommet à Washington. Lors d'une conférence de presse, celui-ci a exigé une "réponse plus forte" des Occidentaux envers Moscou.

"J'aimerais que nos partenaires fassent preuve d'une plus grande résilience et d'une réponse plus forte au coup que la Russie a une fois de plus porté à notre population", a-t-il lancé avant de demander une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU.

"Nous devons tenir la Russie pour comptable de ses actes de terreur", a-t-il déclaré.

Dans le même temps, le Premier ministre indien Narendra Modi est attendu à Moscou lundi après-midi. Cet allié traditionnel des Russes n'a pas explicitement condamné l'offensive contre l'Ukraine entamée en février 2022 et s'abstient de voter les résolutions de l'ONU contre la Russie.

Outre les victimes tuées par les missiles, cinq personnes ont perdu la vie quand leur voiture a sauté sur une mine sur une route forestière dans la région de Kharkiv (nord-est), ont annoncé les autorités locales, affirmant que l'engin avait été posé par les Russes.

Avec AFP

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