Ligue 1 : Angers-Monaco interrompu pour rompre le jeûne du ramadan, une première contre l’avis de la FFF

Scène inédite dans une rencontre de Ligue 1. Samedi, le match entre Angers et Monaco a été brièvement interrompu après un quart d’heure de jeu pour permettre aux joueurs musulmans pratiquant le ramadan de rompre le jeûne. Plusieurs joueurs, Al-Musrati du côté de l’AS Monaco et Zinedine Ferhat, Carlens Arcus, Yassin Belkhdim pour le SCO d’Angers ont pu se restaurer rapidement avant la reprise des débats.

Selon le diffuseur DAZN, les dirigeants de deux formations ont fait cette demande auprès des représentants de la Ligue de football (LFP) et plus précisément au délégué du match. Celui-ci a donné son feu vert pour cette pause inédite dans le championnat de France de football.

La FFF s’oppose à cette pause défendant le principe de laïcité

Cette décision va à l’encontre de la position de la Fédération française de football attachée au principe de laïcité. «Sont interdits, à l’occasion de compétitions ou de manifestations organisées sur le territoire de la Fédération ou en lien avec celles-ci: tout discours ou affichage à caractère politique, idéologique, religieux ou syndical, tout port de signe ou tenue manifestant ostensiblement une appartenance politique, philosophique, religieuse ou syndicale ou tout acte de prosélytisme ou manœuvre de propagande», indique l’article 1.1 des status de la FFF.

Plusieurs pays voisins en Europe ont déjà accepté le principe de cette pause, en Angleterre et en Allemagne. La semaine passée en Ligue des champions, le corps arbitral a procédé à des interruptions de match pour permettre ce jeûne, notamment à l’occasion de la rencontre entre Lille et le Borussia Dortmund, dont le coup d’envoi avait été donné à 18h45.

Pause lors de la rencontre entre Lille et le Borussia Dortmund pour rompre le jeûne du ramadan. MUSTAFA YALCIN / Anadolu via AFP

Le débat relancé ces dernières années

La question d’une pause lors des rencontres de matches professionnels revient régulièrement ces dernières années. L’an passé, Habib Beye, alors entraîneur du Red Star (National), avait pointé du doigt ce qu’il considérait être une forme de «discrimination religieuse» envers les musulmans e France.  «Ce que je vois aujourd’hui, ce que j’entends, ce que je lis, malheureusement, c’est très dur à lire, très dur à entendre pour moi. Parce que j’appelle ça de la discrimination religieuse et qu’on ne peut pas se comporter de cette façon. Parce que si on le fait sur une religion, il faut le faire sur toutes les religions. Et ça n’est pas le cas aujourd’hui», avait expliqué l’actuel entraîneur Rennes rappelant que dans son effectif de 26 joueurs, 19 avaient été concernés par le respect de la pratique religieuse (14 font le ramadan et 5 le carême).

Philippe Diallo dément toute discrimination

La Fédération française de football (FFF) s’était opposée à cet aménagement par la voix de Philippe Diallo se confiant dans le Figaro alors que les joueurs de l’équipe de France étaient rassemblés à Clairefontaine pour préparer deux matches amicaux. «Vis-à-vis des sélections, j’ai réaffirmé que c’est dans ce cadre de neutralité que nos sélections fonctionnent concrètement, ça veut dire que nous ne modifions pas les conditions d’exercice de nos sélections pour des critères religieux. Ce message je l’ai passé à toutes les sélections et je souhaite qu’il soit respecté. Ce qui est le cas jusqu’à présent, avec ce principe, reconnu y compris par les autorités religieuses, qui consiste à dire que lorsque vous êtes en sélection nationale et en compétition, il est possible de décaler votre pratique. Donc il n’y a dans mon approche aucune stigmatisation de qui que ce soit, il y a un respect absolu des convictions de chacun. Mais quand on est en équipe de France, on doit respecter un cadre», a déclaré le patron de la «3F».

Un député interpelle Philippe Diallo

Après la rencontre Angers-Monaco, le député de la Somme Mathias Renault a adressé un courrier à Philippe Diallo pour le sensibiliser sur ce sujet, rappelant «qu’un terrain de football, un stade, un gymnase ne sont pas des lieux d’expression politique ou religieuse

L’Eurodéputé LR François Xavier-Bellamy a, de son côté, déploré «un vrai grand moment de rupture avec le projet français» à l’antenne de Sud Radio.